Vous rappelez vous la première fois que vous avez entendu Pulp ? Certains, à l’oreille très curieuse, répondront It ou Freaks, d’autres se rappelleront avec émotion s’extasier sur le légendaire My Legendary Girlfriend, extrait de Separations, du côté de chez Bernard Lenoir. Pour beaucoup néanmoins, la rencontre avec Jarvis Cocker et compagnie se fera avec His’N’Hers, en effet leur premier vrai carton qui fête ses 30 ans, porté par une tripotée de fabuleux singles de Babies à Do You Remember The First Time ? en passant par Lipgloss.
L’album, le premier chez Island Records, après le départ fracassant de chez Fire Records, atteint en effet le top 10 des charts anglais et sera nommé au Mercury Prize, annonçant ainsi enfin une décennie couronnée de succès qui se poursuivra encore mieux et plus haut avec Different Class et This Is Hardcore, embarquant bien malgré lui, le groupe dans la folie Britpop.
Jarvis Cocker avait enfin la reconnaissance méritée et tant attendue, après avoir créé Pulp en 1978 et connu tant de mésaventures, que se retrouver embarqué dans la même charette que Blur, Oasis ou Suede n’était au final qu’un aléa mineur. A l’époque d’His’N’Hers, Pulp se composait, outre Jarvis, du regretté Steve Mackey, de Russel Senior, de Nick Banks et de Candida Doyle.
Les 5 nous offrent ici 11 titres, qui marquent une réelle évolution avec leurs disques précédents, grâce à des moyens qui enfin permettaient enfin au groupe de s’exprimer à son meilleur et d’avoir une production, assurée par Ed Buller, digne de ce nom, dépassant les limites de la Britpop pour embrasser toute la musique populaire anglaise, Glam, New Wave, synthpop, rock psychédelique… Jarvis Cocker est au top de sa forme, du puissant Joyriders en ouverture au brillant et euphorique David’s Last summer, théâtral et émouvant, grandiose et pourtant si simple.
Les géniaux She’s A Lady ou Pink Glove donnent le sentiment de croiser Ray Davies ou Leonard Cohen en rave party, les tubes s’enchaînent et restent toujours aussi enthousiasmants 30 ans plus tard, pas une seule ride, pas un gramme en plus et on continue à ressentir des frissons dès que Russel Senior lance son violon dans la bataille entre synthés en mode majeure et les vocalises hallucinées et hallucinantes de Jarvis Cocker .
Alors que Pulp a repris la route, passant ainsi entre autres par Primavera fin mai, début juin, qu’il est bon de se replonger dans His’N’Hers, l’un des meilleurs albums du groupe, confirmant un talent unique enfin reconnu par tous et qu’on redécouvre à chaque fois avec le même bonheur, comme si c’était la première fois !