Dans le catalogue étonnant, audacieux, hors normes et hors limites de l’éditeur Christophe Lucquin, le sexe tient une place prépondérante, dérangeante, déstabilisante. Dans L’été à Lulaby, ville fantôme, ville friche, ville du nord, l’adolescence se fait à fleur de peau, de désirs non acquis, de troubles, d’émois, de triangles amoureux. On se cherche, on se cogne, on souhaite l’indépendance mais l’on s’y perd en troubles identitaires, en quêtes et tabous sexuels, en incapacités à affronter sa sexualité ou la vie elle-même. La vie que l’on voudrait vraiment. Se mentir par convenance. Et entrer dans le monde adulte comme par effraction et sans possibilité d’y voir plus clair qu’à l’adolescence.
Chronique des découvertes amoureuses, de l’adolescence qui s’en va.
Deux couples et demi.
Dans une ville invisible, étouffante, la voix, la narration se fait d’abord délicate puis viennent les troubles, les dévoilements sexuels, que l’on dit/lit crus, puissants, pervers, neufs. Les hauts fourneaux reflets des villes cimetières, des sentiments lourds, grisants et moroses. Des relations malsaines, déséquilibrées. Mais indispensables, le désir du corps masculin, homosexuel, refoulé. Que faire de son désir ? Qu’est-ce que le sexe le manque ? Les étapes de cet apprentissage charnel s’écrit, pudique et cru, comme on le fut à cet age.
Rémi Giordano, L’été à Lulaby, Christophe Lucquin éditions, avril 2013