[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#8bc2a4″]L[/mks_dropcap]a rentrée littéraire d’hiver depuis quelques années est un nouvel événement éditorial à part entière, les éditeurs comme les auteurs ont bien compris qu’il faut savoir éviter les bouchons de la grande rentrée de septembre pour pouvoir exister et équilibrer les comptes. Il n’y a certes pas de prix prestigieux majeurs (le Prix du Livre Inter, le Prix des Libraires, le Prix Libr’à Nous tout de même !) mais cela n’empêche pas de sortir de bons livres en toute décontraction loin du couperet commercial de sa devancière et prendre des risques pour publier des néophytes.
Car oui disons-le, la rentrée de septembre est impitoyable, des enjeux colossaux sont mis en œuvre pour promouvoir des livres qui occuperont les tables seulement quelques mois, c’est peu pour se faire connaître. La trésorerie d’une maison d’édition peut être en péril si elle se loupe complètement en ne trouvant pas suffisamment de public pour rentabiliser une parution.
Certains éditeurs, les grosses cylindrés principalement, n’hésitent pas à publier à foison pour occuper l’espace que les autres n’auront pas, les attachés presse redoublent d’efforts et d’imagination, voire de lobbying pour soutenir le poulain de la maison, ils tentent de séduire les libraires en les influençant dans leur lecture, harcèlent la presse pour obtenir un papier, une interview flatteuse… Les grandes maisons se battent entre elles, les petits éditeurs décalent leurs parutions pour échapper à cette foire d’empoigne qui ne fait pas que des élus bien au contraire !
Les derniers chiffres communiqués par Livre Hebdo confirment cette tendance. En effet cette année lors de la dernière rentrée de septembre, seulement 49 ouvrages sont sortis du lot c’est à dire qu’ils ont intégré au moins une fois le classement des meilleures ventes ; Sur les presque 600 titres cela fait peu… Il faut avoir les reins solides pour survivre à ce désastre, les éditeurs doivent se refaire une trésorerie et les auteurs qui n’ont pas trouvé leur public se remonter le moral bien bas. Et que fait-on des invendus ? Ils finissent malheureusement au pilon, compressés et recyclés ce qui peut paraître tout bonnement scandaleux pour le commun des mortels.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#8bc2a4″]E[/mks_dropcap]t donc en janvier rebelote ? En fait pas vraiment et heureusement d’ailleurs ! Il faut déjà constater que cette deuxième rentrée propose un peu moins de parutions (un peu plus de 400 cette année tout de même) étalées sur presque trois mois. Les libraires ont certes moins de temps pour la préparer, deux mois tout au plus, ils ont souvent d’autres préoccupations notamment les fêtes de fin d’année, ils reçoivent moins de services de presse (des ouvrages imprimés en avant première par les éditeurs, fournis aux libraires et journalistes afin de promouvoir les titres de leur catalogue avant parution) mais ils savent vite déceler les titres incontournables grâce aux réseaux sociaux, au bouche à oreille, des retours de lecture judicieux et précieux de la part des confrères.
Cette période donne lieu souvent à de belles surprises, des titres inattendus qui font du bien et qui révèlent de nouveaux visages dans le milieu littéraire.
Ainsi pêle-mêle on peut citer Réparer les vivants de Maylis de Kerangal chez Verticales, Amour de Léonor de Recondo chez Sabine Wespieser ou encore Edouard Louis avec En finir avec Eddy Bellegueule au Seuil.
Cette année les libraires ont jeté leur dévolu sur En attendant Bojangles d’Olivier Bourdaut chez Finitude, une petite maison d’édition bordelaise. Avant même la sortie du livre les droits du livre à l’étranger ont déjà été acquis et en France sa sortie en poche est déjà signée, une véritable aubaine pour l’éditeur.
A la lecture du texte c’est amplement mérité, nous vous en dirons plus dans une prochaine chronique !
Photo bandeau : Rob Blackburn