Quelle belle histoire ! Touchante mais pas larmoyante, pédagogique sans être moralisatrice, intelligemment éclairée par le dessin clair-obscur d’Ugo Bertotti (également crédité au scénario).
Revivre (La Boîte à bulles) se découpe en 4 chapitres et s’ouvre sur le parcours tragique de Selma, réfugiée palestinienne de 49 ans, quittant la Syrie pour l’Italie. Pendant la traversée, elle subit un grave traumatisme à la tête. Hémorragie intracérébrale importante. Sept jours sans soins. Au bout du chemin, la mort. Mais grâce à son don d’organes, ce sera le retour à la vie pour Don Vito, Mimo et Maria.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#0B2445″]P[/mks_dropcap]our raconter Selma, sa fuite avec son mari et ses deux enfants, son embarquement sur un bateau avec 70 autres migrants puis son arrivée en Italie (où elle est prise en charge par le docteur Hassan, un néphrologue palestinien), Hugo Bertotti, dessinateur formé à l’Académie des Beaux-Arts de Milan, a recueilli de nombreux témoignages. Ceux des membres de la famille de Selma, de son entourage proche. Mais aussi ceux des trois personnes restées en attente de greffe pendant de longues années et qui sont désormais encore en vie grâce à elle.
Sujet sensible s’il en est, le don d’organe alimente ainsi cette bande dessinée avec moult détails, en faisant un récit richement documenté. Le livre est d’ailleurs publié en partenariat avec l’ADOT (Association pour le Don d’Organes et de Tissus Humains). Pour autant, l’émotion affleure à chaque page du roman graphique.
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L’impatience et la souffrance de Don Vito viennent ainsi troubler la sérénité de ses pensées et transforment son quotidien en enfer. Quant à Mimo, la nostalgie de sa vie de militaire, passée à entretenir son corps, occupe désormais son esprit, tout au long des journées de dialyse, trois fois par semaine. Une routine très lourde. De son côté, Maria est en attente d’une greffe de rein. Par ailleurs infectée par le VIH, elle ne demande qu’à pouvoir renaître…
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C’est dire l’extraordinaire « cadeau » que leur offrent Selma et ses proches – qui donnent leur accord immédiat. Au moment de décider, personne n’hésite en effet. Ce don d’organes se fait comme une chose normale. Avec à la clef, deux principes : l’intérêt collectif passe avant l’intérêt individuel ; et si une greffe offre la possibilité de sauver ou d’améliorer une vie, le choix du moindre mal prévaut. À tout cela, il convient d’ajouter ceci : tout individu qui ne ferait pas connaître formellement de son vivant son refus d’être un donneur d’organes est considéré comme un donneur potentiel…
Un propos qui légitime la greffe d’organe. À retrouver dans un dossier textuel qui conclue les 160 pages de la BD et que transcende Hugo Bertotti, à l’écriture quasi journalistique, précise et fluide.
Revivre de Ugo Bertotti
La Boîte à bulles, juin 2018