[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#dd971f »]A[/mks_dropcap]berdeen riante troisième bourgade d’Écosse bénéficie d’un climat que nous qualifierons d’Anglais ; ses habitants, les Aberdeeners, sont une population affable, souriante, quelque peu portée sur la Guiness et les jeux (notamment les très réputés Highland Games). La pratique de la musique chez eux se veut pop, légère malgré une orientation pluvieuse permanente les obligeant à jouer tout le temps sous abri. Aberdeen, entre autres choses, se veut ouverte au monde et propose des jumelages avec différents pays (Zimbabwe, Bielorussie, USA, France, etc.). Le pays compte…. Bon, je vais arrêter là mon tourisme à deux balles pour revenir sur le thème de cette chronique à savoir la sortie du premier album des Clermontois Aberdeeners. Dans tout ce tissu de conneries, il y a quelques vérités notamment sur le jumelage qui a permis au sextet de choisir son nom de scène. Pour le reste en revanche, c’est autre chose.
[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#dd971f »]B[/mks_dropcap]on, reprenons : Aberdeeners est un groupe français, Clermontois plus précisément. Débuté en duo, il s’est par la suite développé en accueillant d’autres musiciens pour parvenir à se stabiliser sous sa forme actuelle, à savoir un sextet. Une des particularités du groupe est de ne chanter que dans la langue de Shakespeare. L’autre de pratiquer une pop à l’ancienne, ouvragée, faite de guitares et de cuivres. « Comme les Dexy’s ?? », seriez-vous tentés de penser. Ben non, parce que cette pop a la singularité de prendre sa source non pas de l’autre côté de la Manche mais dans les recoins de la Californie. Celle, radieuse et triste du génial John Vanderslice dont certains morceaux, ici, rappellent la grandeur de Pixel Revolt et surtout Cellar Door. Rien que ça. Mais ne nous emballons pas : Rewind To The End n’est pas un album parfait, loin de là. Il a même pas mal de défauts, notamment du côté des voix, avec cette dualité qui peut se révéler agaçante à la longue, ou certaines chansons un peu faiblardes (un Happy Accident un peu trop appuyé, un Parachute pataud et plombé par l’usage des voix) et dans le pire des cas, certains relents Tryö/Chaoesque avec une musique pleine de bonnes intentions et d’un maniérisme irritant.
[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#dd971f »]P[/mks_dropcap]ourquoi alors s’attarder sur un énième album pop français d’un groupe qu’on aura oublié dans quelques mois ? Parce qu’on n’écrit pas des tubes comme High & Low ou One Track Mind sans un minimum de talent (je reviens sur la comparaison avec Vanderslice : la seule différence entre les deux chansons et celles de Vanderslice réside dans la production innovante et fourmillante de détails de l’Américain. Pour le reste l’écriture est quasiment du niveau du Californien). On n’écrit pas non plus un morceau comme October, dans lequel l’alchimie des voix fait des étincelles, où les arrangements sont à tomber, sans avoir une once de classe, un morceau comme 80 Windows en constant équilibre entre Mainstream et Indie (en ayant l’intelligence et le bon goût de ne pas choisir) sans avoir le goût du risque, on n’invoque pas non plus Jean-Claude Vannier et les Cardinal dans une même chanson (Morning Haze) sans un minimum d’aplomb et de savoir-faire. Parce qu’Aberdeeners, en dépit des défauts évoqués précédemment, possède une science des arrangements très étonnante, les mélodies vous titillent les oreilles dès la première écoute et sont indélogeables dès la seconde. Bref, en onze chansons, le groupe, en plus d’une approche mélodique quasi immédiate, parvient à développer un son parfaitement identifiable, preuve d’une personnalité affirmée qui ne demande qu’à s’étoffer.
[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#dd971f »]A[/mks_dropcap] vrai dire, après réflexion, Rewind To The End n’est pas qu’un énième album pop qu’on n’oubliera dans un mois mais plutôt un disque charmant parfois maladroit mais porteur de beautés, de promesses dans lesquelles, en sous texte et sous des dehors légers et pop, on parvient à saisir une maturité, une ambition (il suffit d’écouter Morning Haze pour s’en rendre compte) qui ne demandent qu’à s’épanouir. C’est pas encore tout à fait ça pour le moment mais avec Rewind To The End, le groupe s’offre un avenir qu’on devine radieux.
Sorti le 22 avril dernier chez Microcultures et chez tous les disquaires qui font pop de France.
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