[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]e moins que l’on puisse dire pour G.W Sok, c’est que les trois derniers mois n’ont pas été de tout repos. Vous m’étonnez : un album sorti en novembre sous le pseudo de Cannibales & Vahinés, un Ep en janvier sous celui de The And, on ne peut pas dire que le Batave n’ait pas foutu grand-chose ces derniers temps.
[mks_pullquote align= »right » width= »250″ size= »20″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″] »Chanteur de l’intransigeant et Jospiniste groupe Néerlandais The Ex pendant trente ans, ça vous pose un homme.»[/mks_pullquote]
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]V[/mks_dropcap]ous me demanderez : c’est qui G.W Sok ? Je vous répondrai que le gars est ce qu’on appelle une légende vivante ; chanteur de l’intransigeant et Jospiniste groupe Néerlandais The Ex pendant trente ans, ça vous pose un homme. Poète, rebelle, adepte du spoken word, le gars n’a connu jusque là qu’une direction dans sa musique, une seule exigence : la sienne. Il aurait très bien pu se reposer sur la réputation de The Ex, continuer à chanter sans passion et tenir jusqu’à la fin du groupe, mais non, le confort, comme disait l’autre, c’est pour les faibles.
Du coup, depuis la scission, il multiplie les collaborations, les projets (Detective Instinct, Zoikle, Beukorkest) mais c’est avec les français de Cannibales & Vahinés qu’il semble se stabiliser et vouloir approfondir sa collaboration musicale. D’abord avec N.O.W.H.E.R.E en 2012 (deuxième album du groupe et premier avec Sok) puis avec l’excellent Songs For A Free Body sorti l’an dernier. Véritable manifeste Free-rock, intransigeant, faisant autant référence à Fugazi qu’au Free-Jazz, Sok, avec Songs For A Free Body, retrouve cette liberté d’expression qui semblait lui faire défaut chez The Ex. Il préfère donc s’orienter vers un rock plus aride, inconfortable, plus proche dans l’esprit du post-punk pratiqué par les The Ex de Turn que celui, world tendance ethno-jazz, joué par les Bataves après son départ. Pour faire simple, l’album conjugue instinct et cérébral, on frôle par moment l’atonal, ça joue souvent faux ou désaccordé voire les deux, ça ferait passer les productions d’Albini pour du Usa For Africa mais la rage, l’énergie, la conviction et l’envie sont là comme au bon vieux temps, bref ça éructe, ça poétise sur un rock dissonant et sous haute tension.
Toujours est-il que l’adepte du Less Is More qu’est Sok, se dit que le concept du big band, c’est vraiment pas pour lui. Pour ce faire, il finit par virer le saxo et le batteur de Cannibales & Vahinés pour ne garder que le guitariste (Nicolas Lafourest), changer de blase et sortir un excellent Ep de six titres le 8 janvier dernier (en même qu’un certain Blackstar).
[mks_pullquote align= »left » width= »250″ size= »20″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]«La réappropriation est ardue, ça élague de tous les côtés.»[/mks_pullquote]
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C'[/mks_dropcap]est donc sous The And que Sok et Lafourest sortent leur premier Ep et disons le tout net, sans être vraiment brutal, c’est de l’aride. Composé de quatre reprises et deux compositions originales, tout y est asséché, vidé de toute substance pour ne plus faire apparaître que l’ADN des morceaux.
Le Rock’N’Roll Suicide de Bowie s’en trouve lacéré, défiguré, le Love Lies de Captain Beefheart, délesté de ses arrangements bastringues, retrouve quant à lui une seconde jeunesse et une tension inédite, le Masters Of Wars de Dylan, au tempo ralenti et méchamment attaqué par un blues dissonant, est méconnaissable. Idem pour le Stroo de De Kift (je dois avouer qu’à l’origine je ne connaissais pas le big band Néerlandais mais qu’après écoute, le traitement subi est exactement le même que pour les autres reprises). Bref, la réappropriation est ardue, ça élague de tous les côtés mais au final, cet Ep forme un tout d’une cohérence certaine dans le sens où les compositions originales parviennent même à être encore plus arides que les reprises. Du moins, en ce qui concerne Writer’s Blog, chanson où le blues côtoie le silence dans une tension permanente, parce qu’Around The Corner réserve quant à lui une surprise et un bel hommage aux concurrent anglais du début des 80’s. Bon ce n’est pas non plus la luxuriance côté arrangement mais Around The Corner reste le morceau le plus accessible, car le le moins connoté The And, de cet Ep.
Bref, avec Cannibales & Vahinés et The And, Sok poursuit avec une intransigeance rappelant celle de Ian MacKaye (à moins que ce ne soit l’inverse) une carrière jusque là irréprochable.
Et d’après ce qu’il laisse entendre avec un nouvel Ep deux titres sorti le même jour, l’aventure est loin d’être terminée.
Discographie disponible sur Bandcamp depuis Octobre 2015 et sous forme physique, cd et vinyle, sur le Sok’Shop du site de The Ex ainsi que chez quelques disquaires intransigeants de France et de Navarre depuis le 8 janvier dernier (concernant les sorties de The And ).