[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]es années ont beau passer inexorablement, rien ne change vraiment pour Royal Trux. Malgré un hiatus de plus de 15 ans, les voilà de retour avec un nouvel album, White Stuff qui nous les rend tel qu’on les aime : affreux, sales et méchants !
Certes, on notera ici quelques signes de sagesse (toute relative la sagesse) et une étrange tentative hip-hop sur Get Used To This, avec Kool Keith, mais au final, Royal Trux restera toujours dans la marge, aussi passionnant qu’énervant.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]’est tout un pan du rock américain, tendance noise et expérimental, qui se dévoile à nous quand on se penche sur la carrière erratique et excessive de Jennifer Herrema et Neil Hagerty, couple infernal à la tête de Royal Trux.
Tous les deux sont originaires de Washington mais c’est à New York qu’ils trouveront l’univers propre à satisfaire leur soif d’aventures diverses et variées.
Si Jennifer fit ses premiers armes musicales à la création du groupe, Neil Hagerty s’était déjà méchamment fait la main au sein de Pussy Galore, avec Jon Spencer et Cristina Martinez, autre belle doublette de doux-dingues. En 1988, naît Royal Trux avec la sortie d’un premier album aussi irrésistible que chaotique, Hagerty lâchant peu à peu Pussy Galore.
Il sera suivi jusqu’en 2000 par un paquet d’albums quasiment un par année, qui verront passer quelques autres barjots comme Jon Theodore (The Mars Volta, Queens Of the Stone Age) ou Mike Fellows (Silver Jews).
Jennifer et Neil essayent tous les styles, durs de préférence, et toutes les drogues, dures également, mais on est en pleine folie Nirvana et Virgin Records essaye de s’acheter une image en les faisant signer pour 3 albums et un millions de dollars, aventure qui tournera court et verra rapidement le groupe prendre ses cliques et ses claques, pas spécialement doué pour écouter les bons conseils d’une major.
Pour nos jeunes lecteurs qui veulent les découvrir, outre le tout premier, j’aurais tendance à conseiller de se procurer en premier lieu Cats & Dogs et Accelerator, voire pour les plus téméraires, Twin Infinitives, mais je vous préviens, ça pique un peu.
Pendant leur longue bouderie, les 2 ex-tourtereaux ne restent pas inactifs, Neil Hagerty se lance en solo sous son propre nom ou bien en tant que The Howling Hex, on le croise aussi en groupe avec Ian Svenonius au sein de Weird War. Quant à Jennifer Herrema, on la retrouve au sein de Black Bananas et fait même une pige auprès de The Avalanches sur leur album Wildflower. Elle élargit également ses activités avec succès, à la fois modèle et designer, journaliste et productrice.
Nous voilà donc en 2019 et heureux de les retrouver pour White Stuff et pas changés d’un iota, il suffit de voir le bordel que les 2 génèrent sur le net avant de reprendre la route pour une tournée qui s’annonce des plus épiques !
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]’album s’ouvre sur le morceau du même nom et nous ramène aux Stones d’Exile On Main Street passé à la moulinette noisy. C’est sale, limite vulgaire, on flirte même avec le hard rock, Neil et Jennifer chantent et jouent le rock’n’roll comme si le temps s’était arrêté depuis les premiers pas de Chuck Berry.
Purple Audacity # 2 ou Shoes And Tags enfoncent toute la discographie des pauvres Kills en deux coups de riffs bien sentis. Suburban Junkie Lady ou Whopper Dave ont même tout du tube psyché rock immédiat, dès lors qu’on se met à rêver d’une collision Aerosmith et Dinosaur Jr.
C’est peut-être leur disque le moins expérimental, ou le moins bordélique mais il n’es reste pas moins que c’est du Royal Trux pur jus, libre et toujours aussi cinglé et sexy. Il suffit d’écouter pour s’en convaincre Under Ice, le dernier morceau de White Stuff, un titre qui semble avoir été enregistré en son début dans une cabine téléphonique avant de se vautrer avec gourmandise dans le glam rock.
Royal Trux est toujours ce groupe de rock’n’roll qui vous transforme n’importe quel bouge enfumé en stade à ciel ouvert, dernier des Mohicans d’une musique qui refuse de rendre les armes. Neil et Jennifer, à notre grande surprise, réussissent leur retour, et comme avec eux, il faut s’attendre à tout, vaut mieux en profiter dès maintenant !
Royal Trux – White Stuff
disponible depuis le 1er mars chez Fat Possum Records/Differ-Ant