[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]remier roman de Benoît Minville aux éditions Gallimard, dans la prestigieuse collection série noire, en forme d’uppercut.
Tout est bagarre ici. Pour vivre, trouver du travail, échapper à un destin pourtant écrit. Pour surmonter les fêlures, les drames, parfois les échecs.
Nous sommes dans la campagne française qui se meurt. Personne ne s’occupe de ces petits villages où il ne reste rien, quasiment rien. Où les commerces ferment les uns après les autres, et où finalement les malfrats finissent par arriver. La drogue, le trafic. Mais les liens, les connexions, les échanges avec le grand banditisme ne sont pas si simples et parfois, cela fait mal.
Vladimir, les frères Romain et Chris ainsi que Julie formaient une bande indestructible pendant leur adolescence.
Benoît Minville nous décrit très bien ces jeunes ados en rébellion, entre ennui et sentiments amoureux.
Nous assistons à un été où tout bascule pour eux et les retrouvons dix ans plus tard, adultes.
Que sont-ils devenus ? Comment ont-ils évolués ? Qui sont-ils maintenant ?
Pourquoi l’un d’eux a-t-il tout quitté pendant dix ans avant de revenir ?
Les relations humaines occupent une part importante de l’oeuvre de Benoît Minville. Déjà, dans Les géants (bientôt adapté au cinéma), il y avait cette notion de clan, de bande, ces rapports où l’on se promet tout et n’importe quoi, cette union censée faire la force et qui parfois n’amène que la faiblesse et la désolation.
Tous ces personnages ne s’en sortent pas sans dommage. Ils sont tous borderline et cherchent un moyen de s’en sortir.
Le parti pris de l’auteur de passer d’un chapitre présent à un chapitre passé est une belle réussite. Nous sommes happés par ces deux temps qui se croisent et s’éclairent l’un l’autre jusqu’aux révélations finales et aux surprises explosives.
Une lecture haletante, comme un western dans la campagne française, avec des phrases chocs souvent et des paragraphes qui prennent aux tripes : « Elle habitait à l’extrémité du village et avait cinq ou six ans de de moins, elle n’avait jamais vraiment traîné avec eux. Elle ne traînait avec personne en fait. Sa mère était morte très jeune. Son père était un alcoolo fini incapable de garder un boulot, porté sur la claque comme moyen de communication, le remords comme lendemain et la récidive comme solution. »
Pour son entrée dans le série noire, Benoît Minville nous offre une œuvre surprenante et magnifique.
Rural noir de Benoît Minville, collection série noire aux éditions Gallimard, février 2016