[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#ba2020″]N[/mks_dropcap]ous avons beau l’adorer, chez Addict-Culture, notre cher ami Alexander Giannascoli est des plus difficiles à repérer. Intituler son nouvel album Rocket peut nous faire craindre de le perdre définitivement loin au-dessus de nos têtes.
En effet, outre une frénésie de sorties, il vient juste de changer à nouveau de pseudo, rajoutant Sandy à son Alex G. d’origine, contraint et forcé, semble-t-il, par une chanteuse inconnue utilisant le même pseudo, et plus prompte question trademark.
Je vous présente donc Rocket de (Sandy) Alex G., tout bonnement le huitième album d’un p’tit gars de 24 ans seulement.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#ba2020″]E[/mks_dropcap]st-ce sa récente et inattendue collaboration avec Frank Ocean ? Est-ce ce fier et étrange bouc déguisé en mouflon qui orne la pochette ?
On se perd en conjectures, mais dans tous les cas, (Sandy) Alex G. semble prendre de l’assurance et ose une évolution sensible de ses compositions qu’on avait volontiers rangées quelques part entre Sparklehorse et Elliott Smith pour un album plus varié et dissonant, quitte à perdre quelques fans de la première heure.
Il ose même, en plein milieu du disque, torturer sa jolie et douce voix sur le démentiel Brick, explosion noisy hardcore à la Death Grips, suivi par la jolie ballade auto-tunée Sportstar.
Ces changements de style renvoient l’image d’un jeune homme plus sûr de lui, capable de quitter les canons du rock indé des années 90, entouré de ces fidèles collaborateurs Sam Acchione et John Wesley Heywood. La présence à ses côtés de sa copine Molly Germer change également la donne, car cette dernière est violoniste et contribue fortement à donner de l’ampleur aux morceaux auxquels elle a collaboré, en particulier le sublime Powerful Man ou le très joli Bobby chanté en duo avec Emily Yacina.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#ba2020″]U[/mks_dropcap]ne douce tristesse baigne les 14 morceaux de ce Rocket, histoires d’amours déçus, de tranches de vies drôles et désespérées à la fois. On pense souvent aux morceaux les plus délicats de Wilco, à la noirceur ironique d’un Califone. On s’éloigne de l’indie rock du début pour se plonger dans l’Americana et la country alternative.
Ailleurs, (Sandy) Alex G. se fait plus mystérieux et expérimental dans la lignée d’un Animal Collective (l’Étrange Horse), County flirte avec le jazz, Rocket tente de relier Steve Reich à Modest Mouse. L’ombre du regretté Elliott Smith (Big Fish) continue néanmoins d’irradier tout l’album, l’émotion permanente, le mélancolie profonde.
Avec Rocket, (Sandy) Alex G. continue son petit bonhomme de chemin… à vitesse grand V, et monte très, très, haut dans les étoiles, avec un album splendide de bout en bout confirmant l’immense talent du gamin de Philadelphie.
Rocket est disponible depuis le 19 mai chez Domino Records.