La « magie » de Facebook est souvent remise en question, jamais par moi. La magie opère régulièrement avec des découvertes artistiques rares et précieuses. Les artistes sont nombreux, parfois on pourrait même dire que c’est trop tant on en croise et tant on aimerait parler de tous. Et puis, parfois, au détour d’un clic on tombe sur une perle, un joyau ne demandant qu’à briller en plein jour alors on creuse, on cherche, on enquête presque pour savoir qui se cache derrière ce son, cette image, cette vidéo qui nous a stoppé net dans notre déambulation sur les internets.
Shorebilly fait partie de ces artistes pour lesquels j’ai enquêté immédiatement après avoir écouté son titre Codeine :
Un mail, une réponse, un rdv téléphonique et me voici en interview téléphonique avec Rémi Alexandre alias Shorebilly. Avant ce coup de fil j’ai fait quelques recherches sur le personnage et il se trouve que l’artiste fait partie des membres de Syd Matters. Je comprends alors que le coup de cœur ressenti à cette écoute n’est en rien un hasard mais une évidence…
Lilie : Alors j’ai farfouillé un peu partout sur internet et j’ai découvert que tu venais de Syd Matters ?
Shorebilly : Oui exactement.
Lilie : Je ne suis pas étonnée d’être tombée sous le charme alors… Syd Matters fait partie des groupes chers à mon cœur et qui me manque beaucoup … (ceci est un appel au passage) rires*
Shorebilly : C’est bien ça, merci beaucoup ! Pour le retour de Syd Matters je n’en sais rien moi même…
Lilie : S’il y a de beaux projets comme le tien qui arrivent je devrais tenir le coup !
Shorebilly : Je te remercie en tout cas de prendre le temps de découvrir le projet de Shorebilly ça fait plaisir.
Lilie : Donc pour le moment tu n’as pas de label ?
Shorebilly : Non pas pour le moment, j’ai produit tout ça tout seul dans mon studio et j’aimerai bien faire tourner le projet évidemment.
Lilie : Oui et il faut qu’il tourne ! Et si on revient sur ton parcours alors tu as toujours fait partie de Syd Matters ?
Shorebilly : Oui oui je fais partie du groupe depuis le début et puis j’ai joué dans beaucoup de groupes, j’ai accompagné beaucoup de gens : Mellow, Soko, Florent Marchet, Fredrika Stahl, MaiLan, The Rodeo et puis il y a H Burns en ce moment pour le nouvel album qui sort en janvier et la tournée qui démarre.
Lilie : Ah super ! Et pour l’album de H-Burns tu as travaillé sur quoi ?
Shorebilly : J’ai collaboré aux arrangements de l’album et je suis à la basse et aux claviers sur scène. J’ai hâte de démarrer la tournée pour H-Burns, je suis très content de l’album !
Lilie : Oui ! On en parlera aussi sur Addict d’ailleurs !
Shorebilly : Sinon j’ai aussi produit des gens dans mon studio à Saint Ouen comme dernièrement Theodora pour son premier EP dont le titre « A for Ache » déjà en ligne sur Soundcloud. J’en suis très content.
Lilie : Et alors en parlant d’EP donc pour Shorebilly tu as un EP disponible en écoute sur Bandcamp dont trois titres sont téléchargeables c’est ça ?
Shorebilly : Oui c’est un moyen qui me plaît bien en fait, faire vivre la musique sans vraiment la vendre (ce qui ne veut pas dire qu’il ne doit pas y avoir de droits bien évidemment).
Lilie : Ce qui est le plus important pour toi en fait ce serait de faire de la scène si je comprends bien ?
Shorebilly : Oui, aujourd’hui ce qui compte pour moi c’est que Shorebilly vive très vite sur scène parce que c’est un disque pour lequel je me suis beaucoup investi, passé beaucoup de temps seul dans un studio et je n’ai pas envie que ce projet s’arrête à des compositions façonnées dans mon studio. J’ai envie de les faire voyager, je connais la scène, je la vis depuis des années et j’ai envie de la vivre avec Shorebilly avec des musiciens en live.
Lilie : D’accord donc tu travailles déjà sur la formation scénique si je te suis ?
Shorebilly : Oui on est trois sur scène, je suis avec deux personnes que je produis : Theodora à la basse et aux claviers et puis il y a Baptiste (qui vient d’un projet qui s’appelle Nathaniel Isaac smog) dont je produis le premier album à venir.
Lilie : Super donc vous êtes prêts à partir sur les routes !
Shorebilly : Oui on attend que ça !
Lilie : Et alors dis moi comment tu définirais ta musique ?
Shorebilly : Pour moi c’est de la pop. En fait les morceaux n’étaient pas destinés à devenir des chansons. C’est arrivé à une période où j’ai eu envie d’expérimenter des textures, j’étais dans un autre studio que je partageais avec Mellow, une autre génération de musiciens issus de la French Touch des années 90. Dans ce studio il y avait des instruments incroyables, des synthétiseurs d’une qualité exceptionnelle et j’ai voulu les utiliser, y goûter et laisser une trace de ces sonorités impeccables. Donc je me suis enfermé et j’ai bossé, seul, avec tous ces instruments pour les explorer et en découvrir les possibles. Et puis je me suis fait rattraper par mon amour de la pop et des chansons… Donc j’ai découpé dans tous ces longs enregistrements que j’avais pu faire, je les ai assemblés, arrangés, triturés, j’ai joué avec l’harmonie de la texture pour en ressortir des mélodies et des refrains.
Lilie : Woaoh une sacrée aventure dis donc ! Et alors tu n’avais pas de textes, tu es parti du son pour écrire les textes ?
Shorebilly : Non aucun texte n’était écrit avant la musique.
Lilie : Les instruments (guitare, batterie et basse) ajoutent une note « humaine » à l’univers synthétique enveloppant des morceaux, c’est quelque chose que tu as travaillé ?
Shorebilly : Ah oui ! Les instruments sont présents de façon très brute volontairement et ont été très peu arrangés en studio pour redonner une dimension humaine aux sons métronomiques sortis par les synthétiseurs et les ordinateurs.
Lilie : Je me trompe si je te dis que j’ai l’impression que ta musique « solaire » et rythmiquement positive semble mise au service de textes assez sombres ?
Shorebilly : Non tu ne te trompes pas, en fait j’ai écris les textes après les musiques et donc beaucoup plus tard dans le temps à un moment de ma vie où j’avais besoin de me recentrer. Au final il est assez noir. Par exemple, dans le titre Codeine il y a une sorte de gimmick de synthétiseurs et la couleur du synthé va à l’inverse de ce que je raconte. On est sur le fil de presque kitsch ?
Lilie : Il y a un vrai double sens dans tes titres en fait
Shorebilly : Oui je joue beaucoup avec ça c’est vrai. Ca vient probablement de mon admiration pour François de Roubaix qui sait jouer avec finesse aux limites du kitsch, aux limites du mauvais goût sans jamais l’atteindre, en gardant la classe !
La rythmique synthétique et colorisée des morceaux est liée au vivant, profondément. La musique de Shorebilly est addictive, aussi étincelante que mystérieuse, la mélodie s’agrippe à vous et rayonne en vous. Il me tarde à présent de découvrir ces morceaux en live alors parlons de Shorebilly et Shorebilly viendra à nous !
Attention la première date de Shorebilly vient d’être annoncée pour le 9 Janvier à l’Espace B, pour en savoir plus rendez-vous sur l’évènement Facebook.
Magnifique découverte*