Ivan traîne ses guêtres, se laisse pousser une barbe déjà fournie, nage dans un océan de doute, peine à se remettre d’un burn-out et vient de se faire larguer. Mais à part ça, tout va bien ! C’est en classe ULIS (titre de la BD sortie chez Delcourt) qu’il va se redécouvrir, en tant qu’AESH.
D’emblée, pour clarifier le propos, précisons qu’une classe ULIS est une Unité localisée pour l’inclusion scolaire. Concrètement, au sein d’une école classique, se trouve une classe avec des enfants en difficulté scolaire, du fait d’être porteurs d’un handicap.
Plusieurs adultes accompagnent ces élèves. Dans la BD, nous faisons la connaissance de Pauline, une institutrice au fort tempérament qui entend mettre auprès des jeunes toute son énergie dans la progression de leurs apprentissages. Elle est épaulée par des Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap (anciennement Auxiliaires de Vie Scolaire).


Nous plaçant en prise directe avec les difficultés rencontrées par ces AESH, tels que Yvan et sa collègue Maryama, le récit nous invite à suivre leurs moments de doute mais aussi de réussite, synonymes de satisfaction et de résilience.
Scénario et dessins sont ainsi portés avec beaucoup de finesse et d’intelligence par Fabien Toulmé qui, après Les deux vies de Baudouin et Suzette ou le grand amour et L’odyssée d’Akim, signe une nouvelle comédie dramatique pleine de sensibilité et de vérité vraie, puisée dans les gestes quotidiens d’une équipe scolaire dévouée à ses élèves en situation de handicap.
Ce n’est pas une surprise en soi, puisqu’il nous avait déjà conquis, en 2014, avec Ce n’est pas toi que j’attendais, où il racontait la naissance de sa fille Julia, porteuse d’une trisomie 21 non révélée pendant la grossesse. Il n’empêche, les pages se succèdent au fil des 4 saisons de l’année, avec un savoir-faire inégalé : celui de raconter, par petites touches, ce que d’autres préfèrent ne pas voir ou ce qu’ils se plaisent à critiquer.


À l’image de cette enseignante qui, sous couvert d’empathie à l’égard d’Yvan – qui fait ce qu’il peut pour remonter la pente et s’occuper d’un jeune autiste prénommé Matisse – considère que le jeune élève à l’air très atteint et qu’il n’a pas sa place dans l’établissement ! Tout le contraire de ce sur quoi travaillent les AESH.
Crises violentes, émotions débordantes, enseignante au bord de la crise de nerf, relations intenses, rejet de la différence, moments de complicité lumineux, volonté de réussir – mais pas à tout prix – et révision des ambitions… Dans ULIS, le spectre des situations rigolotes ou tendues et à fleur de peau, se révèle pour le moins vaste. Suivant le rythme du cœur battant d’une classe pas comme les autres, la BD offre un regard tendre et sincère sur… l’école de la vie. Tout simplement !



