Dans un pays où la superstition a sa place dans tous les foyers, un homme craint et respecté de tous défie les dieux : Mathias est le sacrificateur. Le meilleur d’entre tous. Il est celui que tout le monde accepte d’attendre des mois dans l’espoir en retour d’être épargnés par le sort. Mais Mathias a une conception particulière de son don : Je traite avec le mal et je le repousse. Je ne sacrifie jamais en vain (…). Tuer est un art qui se maîtrise, une communion avec la nature, l’animal et les dieux.
A des kilomètres de là, six randonneurs partent avec leur guide pour un trek de trois jours. A travers les yeux de Lou, l’aventure va bientôt se transformer en cauchemar lorsque pris dans une effroyable tempête, ils vont compter les morts et lutter pour leur survie. Petit à petit, Sandrine Collette déroule le fil de ces deux histoires où le mal rôde et où les destins vont fatalement se rejoindre.
Après Des nœuds d’acier et Un vent de cendres, elle abandonne les couples de monstres et nous offre avec Six fourmis blanches un polar en pleine nature mais où le lecteur aura énormément de mal à reprendre son souffle. Elle fait preuve de talent pour décrire ces montagnes hostiles, cette nature meurtrière qui ne semble épargner personne et une âme humaine toujours plus sombre et tourmentée.
Elle crée une ambiance oppressante, soulignant la beauté des lieux mais rappelant que c’est la Nature qui reste maître. Le lecteur est émerveillé et l’instant d’après précipité dans l’abîme avec ses personnages. Il évolue au cœur même de l’action, encordé à Lou, Vigan, Elias et les autres.
Sandrine Collette confirme ainsi avec ce troisième roman un grand talent pour l’écriture et mérite amplement sa place parmi les nouvelles plumes du polar français.
Six fourmis blanches, Sandrine Collette, Éditions DENOËL, Janvier 2015.