« Catastrophe, foutage de gueule, c’est mort et enterré »
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]J[/mks_dropcap]e vous passe la suite des commentaires fleuris de la part de mes sympathiques collègues de la Team Musique d’Addict-Culture à l’écoute du nouvel album de Sun Kil Moon, le gargantuesque Common As Light And Love Are Red Valleys Of Blood. De nombreux fans transis de Red House Painters et de Mark Kozelek laissent ainsi notre irascible quinquagénaire poursuivre sa route sans eux, perdus définitivement par le tortueux parcours pris par ce dernier depuis quelques années.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]l faut bien admettre que Mark Kozelek fait tout pour se faire battre : saillies médiatiques pas toujours très fines, à faire passer Lou Reed ou Nick Cave pour de subtils diplomates, à l’inverse, une visibilité musicale sur le net assez floue et une débauche de parutions qui frisent l’overdose, aussi bien sous son nom ou via Sun Kil Moon.
Nous ne sommes pas à la moitié de l’année qu’il nous propose, outre cet album, un EP, Night Talks sur lequel il reprend Famous Blue Raincoat de Leonard Cohen, mais aussi un nouveau projet avec Jesu attendu pour début mai, dont le titre peut déjà générer quelques inquiétudes : 30 Seconds To The Decline Of Planet Eath, on attend déjà avec une impatience fébrile de jeter une oreille à une chanson comme The Greatest Conversation Ever In The History Of The Universe.
Quant à Common As Light And Love Are Red Valleys Of Blood, je commencerai par préciser qu’il nous embarque pour un trip de 130 minutes, pendant lesquelles on croisera son épicier de jeunesse, Muhammad Ali, David Bowie, Donald Trump (cinglant No Mistake Donald Trump Is Our Creation Go Ahead And Have Your Oh My Fuckin’ God Reaction When He’s Elected sur le phénoménal Lone Star), les Drôles de Dames et quelques tueurs en série, entre autres, beaucoup d’autres, quintessence du name-dropping à la limite de la lecture de l’annuaire.
Mark Kozelek a complètement largué les amarres de Red House Painters, raconte sa vie quotidienne dans le moindre détail sur des chansons dont la plus courte doit bien faire 6 minutes, tel un rappeur désabusé au fin fond de l’Ohio, à qui veut bien l’entendre et peu importe s’il n’y a plus personne au bout de la ligne. Il nous offre quelques phrases dont il a le secret mais qui peuvent laisser quelque peu perplexe, jugez plutôt à la lecture de ces quelques mots extraits de l’étrange Seventies TV Show The Song :
It Wasn’t intentional Just Addin’ This Song On The Record For Filler….You Can Tell I Spent A Really Long Time On The Lyrics, Right I Spent Months On Those Thank You
Quand je vous disais que le Marko, il s’en bat l’œil, du moment qu’il y a un bon restaurant au bout de la route.
[mks_button size= »large » title= »Écoutez God Bless Ohio » style= »rounded » url= »http://www.sunkilmoon.com/godblessohio/ » target= »_blank » bg_color= »#000000″ txt_color= »#FFFFFF » icon= »fa-music » icon_type= »fa » nofollow= »0″]
Vous vous demandez donc bien pourquoi je me suis lancé dans l’écoute et la défense de ce disque, au-delà d’une profonde admiration qui remonte maintenant à plus de 25 ans. Sun Kil Moon reste passionnant, même dans cette vague de colère permanente, sur de splendides titres comme Lone Star, Philadlephia Cop ou les envolées lyriques du monstrueux Bergen To Trondheim, qui vous met littéralement K.O. saoulé de coups, les petits anges dansant la gigue au-dessus de votre tête.
Ailleurs, Mark Kozelek s’affranchit de toute limite, de toute réserve, bien aidé en cela par la formidable batterie de Steve Shelley et la basse de Nick Zubeck, les synthés sont omniprésents, un saxophone ose même pointer le bout de son bec sur Seventies TV Show Theme Song. Kanye West se lance à l’assaut de Smog ou d’Idaho, ça en fait frémir certains, ça se révèle pour d’autres passionnant, l’œuvre d’un homme libre, au caractère impossible, certes, mais capable encore de vous toucher sur des chansons comme God Bless Ohio ou I Love Portugal.
L’œil torve, le rictus mauvais, le nouveau disque de Sun Kil Moon ne se donne pas facilement et fait tout pour se rendre désagréable. L’écoute se révèle ardue, peut énerver comme fasciner, dans tous les cas, Common As Light And Love Are Red Valleys Of Blood est une expérience à part, à vos risques et périls.
Common As Light And Love Are red Valleys Of Blood est disponible chez Caldo Verde Records depuis le 17 Février.