[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#8d42a6″]O[/mks_dropcap]n les croirait issus de la Californie avec leur son garage et psych-punk et pourtant, Sunflowers est un duo qui nous vient tout droit de Porto.
Associés depuis 2014, Carolina Brandão et Carlos de Jesus ont sorti un premier EP en 2015, et nous ont gratifiés l’année dernière de leur premier album The Intergalactic Guide to Find the Red Cowboy (Only Lovers Records), qui donnait déjà le ton. Douze titres psychobilly bien excités que n’auraient pas reniés Thee Oh Sees, et qui frappent l’auditeur par leur énergie constante, passant du punk et du psychadelica des années 60 au rock’n’roll classique des années 50.
Cet hiver, Sunflowers enfonce le clou et revient nous secouer la couenne après les fêtes avec Castle Spell, un album captivant dès les premières secondes. Fini l’échauffement des débuts, Sunflowers a décidé de passer à la vitesse supérieure.
On note dans ce nouvel opus plus de profondeur et de contrôle dans les compositions, maîtrise contrebalancée par davantage de démence et de déambulations dans l’esprit de ces deux énervés. Les amateurs de The Cramps et des B-52’s devraient facilement y trouver leur compte.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#8d42a6″]L[/mks_dropcap]a visite du castelo se déroule à toute allure. Si vous cherchiez un cottage ensoleillé pour des vacances tranquilles, c’est fichu pour vous.
L’ambiance ici est sombre et lugubre, et l’on n’a pas le temps de traîner dans les dix pièces qui composent l’édifice. Les tournesols nous font perdre la boussole et l’on se sent telle une Janet Weiss dans le manoir du Rocky Horror Picture Show. On sait que l’on va y perdre son innocence et sa décence, mais on ne peut résister, passées les premières frayeurs, à goûter à des plaisirs sulfureux et acides dont on ne sortira pas indemne.
L’album s’ouvre sur l’appel irrésistible de The Siren, un titre au groove puissant qui pulse, où la guitare se fait démoniaque et psyché. Le décor est de suite planté, nous voilà envoûtés ! Pas le temps de souffler, arrive le titre éponyme Castle Spell avec ses riffs qui ne sont pas sans évoquer ceux de Sonic Youth. On plonge ici dans un garage rock’n’roll sans complexe, porté par des chœurs fantomatiques qui exacerbent la voix grave et sinistre de Carlos de Jesus.
The Maze (Act 1-2), hymne sexy à la Iggy Pop, assoit définitivement le chanteur en maître incontesté des lieux, une sorte de Docteur Frank-N-Furter qui aurait lâché ses talons aiguilles pour mieux étreindre sa guitare.
Les titres Signal Hill, simple mais efficace avec ses fuzz, et Sleepy Sun, avec ses sons garage presque aériens, font repartir le disque à toute allure et l’on se surprend à brailler, pour accompagner ces têtes brûlées, sur Monomania.
Surfin’ With the Phantom nous fait changer la bobine et nous entraîne dans l’univers de la surf music, avec un titre digne d’une B.O. d’un film de Tarantino qui n’est pas sans évoquer Dick Dale.
Après avoir flotté sur la vague, on repart la tête sous l’eau dans un univers plus sombre, avec le poisseux et cauchemardesque Grieving Tomb. A Spasmatic Milkshake vient heureusement nous redonner des forces. Après un début bien fort et droit, le titre finit par partir dans des délires de guitares, chuchotements et cris. On clôt alors la visite sur le finale cérémonial We Have Always Lived in The Palace.
On ne sait si leur bâtisse hantée finit par décoller en Transylvanie comme dans le film de Jim Sharman, mais il est sûr que l’on finit à terre après ce tour du propriétaire mené à un train d’enfer. Sunflowers est décidément l’hôte idéal pour rompre avec la monotonie de l’hiver !
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