[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]E[/mks_dropcap]t si, chez Addict, on vous invitait à une comédie musicale hors-norme ? Une sorte de Rocky Horror Picture Show revisité à la sauce finlandaise, à base de métal, de doom, de tribalisme et autres aromates psychotropes bien épicés. Ça vous paraît improbable ? Fou ?
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]’est pourtant ce que propose Waste Of Space Orchestra, réunion au sommet entre les membres du collectif Dark Buddha Rising (stoner/doom/psyché) et ceux des géniaux Oranssi Pazuzu (psyché/black metal/space rock) avec un excellent Syntheosis.
Neuf titres, trois actes, 66 minutes pour une pièce à grand spectacle explorant à peu près tous les genres liés aux musiques extrêmes. Celle-ci débute par une intro de neuf minutes en deux parties avec une montée psyché flirtant avec le kitsch façon opéra rock à la Queen/Elfman qui se prolongera sans temps mort par une plongée chez les stoners, les cavités oculaires rougies par l’abus de cigarettes rigolotes, à grands coups de riffs ravageurs et de vocaux bilieux. La troupe va ensuite enchaîner sur un Seeker’s Reflection dans la droite lignée de ce qui a précédé (voix distordue à l’air comprimé, chœurs échappés d’Elfman, batterie pachydermique, guitares tranchantes, mélodies simples et accessibles) puis achever sa première partie sur un long et hypnotique Journey To The Center lorgnant du côté des Swans (dernière mouture).
En somme, jusqu’à Journey, Waste Of Space Orchestra assure le show à grand coup de substances psychoactives avec une redoutable efficacité, dans une certaine grandiloquence, tout en gardant le contrôle du spectacle.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]a seconde partie en revanche va voir la troupe déployer son savoir-faire de façon bien plus optimale en abordant des terrains plus chaotiques, instaurant une tension qui faisait peut-être défaut jusque là.
Dès Wake Up The Possessor, le ton va changer : une Jarboe passablement énervée s’invite à la fête, instaurant des décharges de violence bien plus sèches, brutes de décoffrage que précédemment. Il reste toujours le psychédélisme, présent plus ou moins à bas bruit et véritable fil conducteur de cette superproduction. Néanmoins Wake Up va sérieusement secouer l’auditeur (pour peu qu’il se soit endormi avant) afin d’accaparer son attention pour l’emmener vers des territoires beaucoup plus aléatoires, faits de mysticisme et de tribalisme. La ballade vous fait donc visiter des contrées sauvages et hypnotiques, accompagné d’une tribu aux coutumes un tantinet barbares avant de vous faire revenir vers un psychédélisme brutal, primitif, simple (le genre à vous faire headbanger seul devant votre glace), puis repartir sur l’ambient.
Pour résumer, sur sa seconde partie le groupe souffle le chaud et le froid, tend l’élastique jusqu’à son point de rupture pour ensuite entamer un ultime morceau synthétisant le spectacle en lui apportant une dramaturgie bienvenue. En effet, Syntheosis va reprendre le thème de Seeker’s Reflection tout en l’étirant, le ralentissant de façon considérable, lui ôtant par la même occasion toute grandiloquence en lui apportant une pesanteur, idéale pour clore un spectacle de façon apocalyptique.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]E[/mks_dropcap]n somme, Syntheosis c’est un spectacle à grand budget, superproduction parfaitement réussie, dans lequel la troupe vous embarque dans un espèce de train-fantôme/montagnes russes, durant 66 minutes et vous en fait voir de toutes les couleurs niveau émotions. Après, s’il y avait un reproche à lui faire, c’est que l’ensemble est un peu trop bien maîtrisé, trop carré, laissant une trop petite niche à la folie et au hasard. Mais il n’empêche que, malgré ces petits défauts, l’auditeur prend un pied monumental à être ainsi bousculé. Certes, avec Syntheosis on ne se trouve pas face à l’album de l’année, loin de là, mais ce qu’il offre en tant que grand spectacle vous en met plein les yeux et parvient à faire une chose rare : vous mettre dans la position d’un môme s’émerveillant de ce qui lui est offert. Alors, oui, sur le long terme, ça ne laissera pas spécialement de traces, mais sur le coup ça impressionne. Et parfois, il n’en faut pas plus pour être conquis.
Sortie le 05 avril dernier chez Svart Records et disponible chez tous les disquaires équipés de salle à grand spectacle de France et de Navarre.
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