A l’aune de la sortie de l’excellent Poverty de Motorama, nos amis bordelais de Talitres se promènent sur les routes de France. Jeudi 5 février, c’est la Carène brestoise qui accueille 3 de leurs protégés à savoir et par ordre d’apparition Thousand, Rachael Dadd et donc, en tête d’affiche Motorama.
Prenant mon courage et le volant à deux mains, bravant le froid et la neige, me voici donc rendu à la Carène, avec quelques sympathiques congénères, amateurs de musique pas comme les autres.
C’est Thousand qui a la lourde tache d’ouvrir le bal, Thousand, c’est sur scène, dans la salle ça serait plutôt Hundred et encore, à condition d’être doté d’un strabisme monstrueux.
Malgré donc une assistance clairsemée et un poil timide, les 3 Thousand commencent leur concert et assureront impeccablement pendant 45 minutes nous offrant quelques titres de leur futur album à sortir en mars. Entre pop et folk, Stéphane Milochevitch et ses 2 amis font preuve d’un indéniable talent, le concert monte crescendo, le rythme s’accélère et la salle commence à suivre le mouvement. J’avoue être passé à côté de leurs premiers disques mais là, en 3-4 morceaux dont les splendides The Flying Pyramid ou Kill, ils ont gagné un nouveau fan. Outre ses talents de musicien, Stéphane Milochevitch a également d’autres cordes à son arc, en nous proposant de magnifiques foulards faits avec ses petites mimines. Bref, ça commence très bien.
Après quelques bières histoire de se réchauffer, place à Rachael Dadd dont, vous ne l’avez pas oublié, j’en suis sûr, j’en avais déjà parlé en ces lieux, à l’occasion de la sortie de We Resonate, en septembre dernier. Rachael Dadd semble tout droit sortir des 60’s, quand elle prend place sur scène, grands yeux écarquillés, sourires timides. A ses côtés, se trouve son mari, Ichi, d’un flegme à toute épreuve malgré la folie douce de sa femme. Le monsieur présente quand même la particularité de jouer d’instruments un peu particuliers : Steeldrum, talkie walkie et….machine à écrire.
Rachael Dadd passe, elle, du ukulélé au banjo un petit détour par les synthés, elle nous fait rire avec son français approximatif, nous charme avec la qualité de ses mélodies, elle fait parfois même un peu peur quand elle pousse ses petits cris et nous inquiète vraiment sur le très bon Bounce The Ball qu’elle finit comme elle peut. Entre 2 reniflements plus ou moins discrets, elle nous précisera qu’elle attend un heureux événement, je découvris plus tard que ce ne sera pas le premier, découvrant Rachael et un tout p’tit bout genre 2 ans danser aux alentours d’une heure du matin dans tous les sens sur les dernières notes de Motorama, sous les yeux attendris mais quelque peu atterrés d’Ichi.
Le concert est charmant, mais parfois approximatif et a du mal à retenir toute notre attention, ceci, aux bénéfices du bar de la Carène qui se remplit peu à peu. Les quelques fidèles jusqu’au bout dont je fis partie, passèrent néanmoins un bon moment.
Place maintenant aux souriants et affables (non, je déconne) Motorama, les vedettes du soir. Vu la vitesse à laquelle les gens vidèrent le bar et se précipitèrent devant la scène, on peut même dire qu’ils étaient fort attendus.
Sur scènes, les 4 de Rostov semblent avoir pris leur Heavy Wave au pied de la lettre, ça déferle et ça fracasse. Oleg Chernov martyrise tout en maitrise sa batterie, Alexander, derrière ses synthés machouille son chewing gum et Vladislav et Maxim s’échangent instruments et riffs assassins à la vitesse de l’éclair.
Bon, côté on tape la discute, on repassera, les musiciens jouent presque dos au public, leur energie post-punk est bien suffisante pour faire bouger la salle dans tous les sens. Motorama puise principalement dans leur dernier album, les morceaux sont encore plus secs et violents que sur disque et le groupe est impressionnant d’énergie (Dispersed Energy, le bien nommé !) quitte à prendre quelques risques physiques (le chanteur se fracasse le crâne sur son micro et manque d’éborgner son batteur, le guitariste se prend une belle pelle sur un dernier saut, le tout sans un sourire). Deux rappels, quelques bye bye et thank you plus tard et le concert est bouclé, ça a filé à la vitesse de l’éclair et le public sort de là, rincé mais ravi.