Perpignan, terreau fertile du rock décalé, qui l’eut cru ?
C’est Pascal Comelade en personne qui m’avait mis la puce à l’oreille début 2015. Pour l’accompagner sur son dernier album, au titre comme d’habitude imprononçable, Traité de guitares triolectiques (à l’usage des portugaises ensablées), l’énergumène catalan était accompagné d’un groupe à priori inconnu en nos contrées : The Limiñanas. Avec cet album, Pascal Comelade injectait une certaine dose de rock psyché dans sa musique.
Et puis bam, voilà que j’apprends que ce groupe (de Perpignan également) existe depuis 2009, et que le label Because en profite pour rééditer ses albums sous forme de coffret double CD ou 4 vinyles. Et là, c’est carrément Noël avant l’heure, car c’est une grosse claque musicale que je prends dans mes esgourdes.
Alors, The Limiñanas, c’est qui ? Un peu d’histoire.
Il est des groupes comme ça, qui ne sont pas prophètes en leur pays. Ainsi, il semblerait que la France traîne un peu à accorder aux Limiñanas le statut qu’ils méritent alors qu’ils font l’objet d’un véritable culte chez les ricains et les britons, Franz Ferdinand et Primal Scream louant leur musique. Dernièrement c’est le BJM en chef, Anton Newcombe qui n’a pas tari d’éloges sur eux dans Rock & folk.
Lionel et Marie Limiñana (car c’est bien leur nom de famille), bourlinguent depuis 20 ans dans la scène musicale perpignanaise, lorsqu’en 2009, le destin frappe à leur porte. Lionel, en rade de groupe pour quelques mois, bricole deux chansons et les balancent sur Myspace. Succès immédiat, Migas 2000, simple recette lue et mise en musique à la sauce psyché, fait le buzz sur internet. Les labels se bousculent et en veulent plus. C’est là que Lionel décide de former un duo en embauchant sa femme à la batterie, dans la grande tradition des batteuses (Meg White, Moe Tucker), Lionel assurant guitares, basses et claviers. Les parties vocales étant assurées par une tripotée de chanteuses, dont Marie. C’est le grand début des Limiñanas, duo familial et casanier, enregistrant ses morceaux à la cave reconvertie en studio. La suite, c’est 3 albums et une tripotée de singles toujours aussi frais, aujourd’hui réédités sur un grand label, avec la ferme intention d’être enfin reconnu en France. Vu l’engouement médiatique des derniers mois, mission accomplie.
Comment ai-je pu passer à coté de ce groupe ? Combien de temps n’avait-on pas entendu un groupe sonner aussi cool ? Ils sont donc deux, un gars, une fille, alternant le chant, ou chantant ensemble. Jouant à fond sur le coté psyché, avec des guitares fuzz, pleines de réverb, des basses à la Mélody Nelson, des orgues vintage en veux-tu, en voilà. The Limiñanas, c’est un peut tout ça, un festival pop rétro 60’s comme on n’en rêvait plus.
Dès le premier titre, the Darkside sur fond de craquement de vinyle, nous voila transportés 40 ans en arrière. L’instrumental Tigre du Bengale nous plonge direct dans The Party de Peter Sellers avec sa débauche de sons vintages. Mountain alterne les chants, dans un échange savoureux.
Tantôt en français, tantôt en anglais, voire carrément en franglais, The Limiñanas propose assurément des textes cool. Madame chante alanguie je suis une gogo girl, sur un air faussement candide. C’est fun et décalé, à l’image de Je ne suis pas très drogue, avec toujours en arrière-fond ce coté un peu sexy et provoquant. Votre coté yéyé m’emmerde est typique à la fois du son, de l’esprit et du chant du groupe.
Bref, c’est frais, rétro, fun, pop, psyché, et comme il y a deux CD, quand y’en a plus, y’en a encore! O joie !
Il faudra rendre grâce à Because pour avoir réédité les albums du groupe et contribué ainsi à leur reconnaissance méritée dans leur propre terre.
The Limiñanas sur Because – leur chaine Youtube – Pascal Comelade – Because Music sur twitter