A chaque fois que Monochrome Set sort un nouvel album , je suis partagé entre bonheur et tristesse. Bonheur car c’est toujours un immense plaisir de retrouver Bid et consorts surtout que, malgré une carrière longue de près de 40 ans, ils sont toujours capables de sortir de fabuleux albums comme le Platinum Coil en 2012. Tristesse, car on est si peu nombreux à les suivre alors que tant de groupes pourtant moins bons n’ont pas le quart de leurs talents. Pour tout vous dire et essayer de vous convaincre, selon moi, The Monochrome Set relie les Smiths à Joy Divsion ou les Kinks aux Cure, rien que ça.
Les aventures du Monochrome Set commençèrent en 1978, en pleine période punk. Là ou jeans troués et épingles à nourrice étaient la norme, les Monochrome Set, déjà anachroniques, s’habillaient avec classe et préféraient privilégier les fines mélodies aux crachats primaires. Leur carrière n’est pas un long fleuve tranquille, après un début de carrière tonitruant (4 grands disques de 1980 à 1985 dont les indispensables chefs d’œuvre Strange Boutique et Eligible Bachelors), le groupe se sépare alors que le succès semblait enfin arriver avec Jaccob’s Ladder, mini tube en 1985.
Une première reformation eut lieu au début des années 90 grâce à l’appui de leurs fans japonais assez nombreux pour les convaincre de repartir quelques années, ponctués de 6 albums dont les excellents Dante’s Casino et Charade. Cette période ne fit que renforcer le culte dont bénéficiait le groupe mais ne réussit toujours pas à remplir les comptes en banque. S’ensuivit une longue période d’absence avant Platinum Coils en 2012 et aujourd’hui ce Spaces Everywhere.
Il suffit à peine quelques secondes pour que le bonheur prenne le pas, juste le temps de comprendre que Bid est toujours aussi bon, sa voix n’a pas bougé malgré les quelques années passées depuis son Jet set Junta, le morceau qui me fit tomber amoureux de ce groupe, les guitares de Lester Square sont toujours aussi ciselées et nerveuses. Iceman et Fantasy Creatures sonnent déjà comme des classiques à la Monochrome Set, soit des mini tubes potentiels et enjoués aux paroles toujours aussi gaies (mort, vieillesse, crise, ce genre de choses…), le genre de chansons que notre Morrissey préféré est bien en peine d’écrire aujourd’hui.
Après ces deux coups d’éclat, l’album ne faiblira quasiment jamais, on n’entendra guère en 2015 des chansons aussi simples et tarabiscotées qu’Avenue ou the Scream en provenance d’Angleterre. Intemporel et anachronique, The Monochrome Set reste un groupe à part, un ravissement pour ses vieux fans, prêt à en accueillir de nouveaux.
Spaces Everywhere est disponible depuis le 13 mars grâce à Tapete Records et Differ-Ant