[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]lors qu’on imagine très bien quelques messieurs encravatés réfléchir, disserter et s’écharper pour décider quand sortir idéalement le tube de l’été de la future star que même eux n’écouteront jamais même sous la torture, d’autres semblent complétement à côté de la plaque et s’en cogner royalement.
Prenons ainsi les frères Kadane, qui nous proposent le nouvel album de The New Year...au mois d’avril et ne trouvent pas mieux de l’appeler Snow. Plan marketing foireux mais musique merveilleuse.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]’était d’ailleurs difficile d’imaginer l’inverse, Matt et Bubba Kadane, depuis maintenant plus de 25 ans, sont bien plus réputés par la qualité de leur musique, la finesse de leur œuvre que par un succès commercial délirant.
Tout commença au début des années 90, avec la création du côté de Dallas, de Bedhead, leur premier groupe en compagnie de Tench Coxe, Kris Wheat et Trini Martinez.
Enfants du Velvet Underground, version troisième album, à la recherche permanente de la note juste, Bedhead s’inscrit dans le mouvement slowcore, entre Idaho et Low, Red House Painters et Codeine. Joie et bonne humeur rangées au placard, le groupe déclinera sa musique mélancolique et superbement mélodique le long de 3 merveilleux albums et quelques EP tout aussi indispensables jusqu’à l’aube des années 2000. Numero Group a d’ailleurs compilé le tout sur un superbe coffret 1992-1998 en 2014, tout à fait indispensable, quitte à mettre en danger la santé mentale et physique de votre banquier.
Bedhead se sépare en 1998, l’éclatement géographique des membres du groupe (Dallas, New York…la Russie !) ne permet plus de poursuivre l’aventure.
Les frères Kadane forment ainsi The New Year, en compagnie du guitariste Peter Schmidt, le bassiste Mike Donofrio et le génial batteur Chris Brokaw, à la baguette également chez Codeine mais aussi guitariste chez Come au côté de Thalia Zedek, pour ne citer que quelques unes de ses multiples et toujours remarquables collaborations.
The New Year reprend la suite de Bedhead, sans qu’on s’en aperçoive vraiment, la nouvelle section rythmique au diapason des guitares et voix de la fratrie Kadane, quoiqu’une légère lumière pale tente d’adoucir l’ambiance.
A un rythme régulier, The New Year enchaîne 3 albums au titres fleurant bon l’optimisme béat , Newness Ends, The End Is Near et The New Year en 2008. Ils sont tous les produits par Steve Albini, d’une discrétion remarquable et d’une précision chirurgicale.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]l aura donc fallu attendre 9 ans et quelques projets parallèles (le très bon Overseas en 2013) pour que The New Year donne suite à son dernier album éponyme, et publie Snow, superbe recueil de 10 nouvelles chansons, toujours aussi finement ciselées et touchées par la grâce.
La formule n’a ainsi pas changé, la voix de Kadane continue de se faire discrète et monocorde, les musiciens flirtent avec le jazz dans cette volonté de jouer avec les sons et les silences, maîtrisant à la perfection leurs instruments.
Homebody me déchire doucement les tripes, Amnesia m’emporte loin,très loin. Du grandiose Myths à l’impétueux The Party’s Over, du tendu The Beast au contemplatif Dead And Alive, The New Year porte un regard désabusé sur le monde qui nous entoure, mais perpétue cette tradition de s’accrocher à tenter de l’améliorer coûte que coûte en composant quelques chansons tout aussi belles qu’inutiles.
Snow est juste superbe, The New Year a pris son temps pour nous donner son nouveau disque, mais il nous en faut beaucoup moins pour en tomber amoureux.
Snow est disponible depuis le 28 avril chez Undertow Music
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