John Dwyer est un franc-tireur extrêmement boulimique. L’homme est le co-fondateur du label Castle Face Records, sur lequel on retrouve des artistes tels Ty Segall, White Fence, Dan Melchior ou encore les Fresh & Onlys. Il est aussi photographe, en témoigne son recueil photos de 225 pages intitulé Vinegar Mirror paru en 2013. A ses heures perdues, il lui arrive de produire les albums d’autres artistes émergents mais surtout, il est l’un des musiciens les plus prolifiques de sa génération.
Leader de Thee Oh Sees, – doit-on encore présenter ce groupe basé à San Francisco et adepte d’un Garage Rock Punk Psychédélique tendance Kraut – il nous offre ici le neuvième album du groupe intitulé Mutilator Defeated At Last.
De San Francisco, il n’en est plus question. Le groupe, remanié car amputé de deux membres de longue date – exit Petey Dammit et Mike Shoun, welcome to Nick Murray et Timothy Hellman – a déménagé à Los Angeles. Un changement de cap, donc, qui apparemment fait du bien, car on avait tout de même l’impression qu’ avec Drop, le précédent album, le groupe commençait à tourner un peu en rond.
L’album s’ouvre avec Web, sombre et menaçant comme l’orage qui gronderait sur les bottes de militaires en marche vers une conquête où l’on devine que personne ne rentrera indemne.
Withered Hand commence par le souffle d’un vent glacial pour ensuite nous tomber dessus telle une lame de couteau finement aiguisée et très acérée grâce aux guitares agressives et à la voix toute en fureur non contenue et semblant venir d’outre-tombe de John Dwyer. Poor Queen est de facture plus classique, du Oh Sees pur jus tandis que Turned Out The Light fait tourner les têtes grâce à une incursion plus « classic rock », le riff de guitare n’étant pas étranger à cet état de fait. Lupine Ossuary, dans une veine très garage et Sticky Hulks qui, lui, flirte avec le psychédélisme lancinant, sont incontestablement deux sommets de cette nouvelle livrée. Le temps d’une incursion acoustique pour Holy Smoke et nous voilà déjà arrivé presque au terme de l’album. Rogue Planet, brûlot Punk jouissif de moins de deux minutes, est exaltant tandis que le titre de clôture, Palace Doctor, se fait atmosphérique, bien soutenu par une paire basse – batterie qui se lovent dans nos oreilles tel un serpent qui suivrait les méandres d’un cours d’eau afin de venir hypnotiser le chaland. Pari réussi.
Ce n’est pas encore aujourd’hui que les fans crieront leur désapprobation. Des groupes de Rock’N’Roll de cet accabit, il n’en reste plus des tonnes, raison de plus pour les chérir.
Thee Oh Sees, Mutilator Defeated At Last, le 18 mai chez Castle Face Records.