[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]Q[/mks_dropcap]uand quelques groupes commencent à bien marcher sur une scène locale comme c’est le cas depuis une dizaine d’années à San Fransisco, il en faut toujours un qui reste planté sur le trottoir à regarder l’autobus de la gloire s’éloigner sans lui.
Alors que John Dwyer de Thee Oh Sees ou Ty Segall sont maintenant clairement reconnus comme des vraies gloires de la scène garage rock psychédélique, un troisième larron ne semble pas connaître le même succès, malgré un talent à tout le moins identique.
Tim Cohen, c’est de lui dont je parle, sort un nouvel album ironiquement appelé Luck Man, avec sa pochette, où le sémillant futur quadragénaire arbore une belle barbe bien fournie et une splendide chemisette fleurie, quoique légèrement délavée, devant un joli mur vert… si avec un tel packaging, notre Tim ne nous fait pas un carton !
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]J’[/mks_dropcap]ai l’air de me moquer mais c’est parce que je l’adore le bonhomme, dont la discographie, superbement complétée par ce Luck Man, mériterait une bien plus grande considération. Il faut croire que le bonhomme s’en cogne, épurant de plus en plus ses mélodies et enchaînant projets sur projets sans trop se préoccuper d’images et lignes de conduite, histoire de bien nous perdre.
Voyez par vous même, depuis 10 ans, on l’a bien sur apprécié à la tête des excellents Fresh & Onlys pour 7 albums, en compagnie du non moins prolifique et talentueux Wymond Miles, après l’avoir découvert au sein de Black Fiction. Nous l’avons aussi croisé au sein de Sonny And The Sunsets, Window Twins ou 3 Leafs.
Vous rajoutez ses disques solos sous les noms de Feller Quentin ou Magic Trick ou son propre patronyme et bien, cela doit bien nous faire une moyenne de 3,5 albums. J’ai même ouï dire qu’il s’est essayé au black metal sous le nom d’Amocoma, même si on s’est bien gardé d’essayer de l’écouter !
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]lors qu’il va fêter ses 40 balais l’été prochain, Tim Cohen continue donc son petit bonhomme de chemin à un train d’enfer et empile 11 chansons toutes simples, l’air de rien.
Il traîne son mal-être avec un humour pince-sans-rire (Irony, la bien nommée), Wall About A Window commence ainsi « I Want To Walk With But I’m talking To A Wall About A Window It’s All I Can Do », recherche désespérément une femme sur l’époustouflant I Need A Wife tel son célèbre homonyme Leonard.
Ici, point de garage rock ni de psychédélisme, Tim Cohen s’offre à nu entre ballades pop et morceaux mid-tempo, quelque part entre un Baxter Dury mal dégrossi et un Bill Callahan décontracté. Guitares acoustiques, quelques notes de pianos, des percussions discrètes, il se la joue modeste et facétieux (Non, Meat Is Murder n’est pas une reprise des Smiths !), passe de Sunshine à Clouds, de Breathe And Die à Bedfellows, la mort étant au bout de la route, autant l’arpenter sous le soleil.
Au final, Tim Cohen nous offre l’un de ses meilleurs disques dans la lignée des derniers Fresh & Onlys, drôle et sombre à la fois, et délivre quelques chansons follement douces ou doucement folles.
Luck Man est disponible chez Sinderlyn depuis le 20 janvier.
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