[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]Q[/mks_dropcap]uel souffle dans le dernier roman de Victor Del Arbol !
Du romanesque, de l’Histoire, de la psychologie et une aventure humaine qui commence dans les années 30 pour se terminer en 2002.
De l’Espagne à la Russie, avec un petit détour par la France.
Du communisme au franquisme, de la Sibérie à la seconde guerre mondiale.
Des personnages se rencontrent, se battent, se détestent. Leurs enfants se croiseront aussi.
Victor Del Arbol mène son récit en alternant les chapitres entre le passé, en Russie et le présent, en Espagne. Il passe sans cesse de l’un à l’autre.
Evidemment, il prend soin de laisser le lecteur sur sa faim et avide de découvrir la suite.
Deux hommes au milieu de cette histoire.
Stern, le voyou russe, force de la nature, meneur d’hommes, dévoreur de vie, avide de mettre tout et tous à ses pieds.
Elias Gil, jeune militant communiste espagnol qui se rend en Russie par idéalisme.
Ces deux là vont se chercher toute leur vie. Liés l’un à l’autre par la violence de la déportation, leur volonté de s’imposer et de survivre tout simplement dans l’enfer sibérien.
Chapitres glaçants et terribles que cette partie sur le stalinisme. Tous n’en sortent pas indemnes.
En Espagne, il y a le fils d’Elias, Gonzalo, avocat d’une quarantaine d’années, malheureux en ménage, ne sachant comment éduquer ses enfants, pris à parti par son beau-père dans une affaire immobilière. Un homme perdu. Un homme qui doit se relever et se révéler à lui-même.
Il y a aussi une mafia, oeuvre du diable qui mène la danse et s’en prend à tous.
Avant tout cela, se débattait la soeur de Gonzalo, Laura, figure tutélaire pour lui, comme le sera son père.
Une famille éclatée, au destin funeste, tourmentée par le souvenir et la prégnance du père.
Que serait un roman noir sans flic ? Victor Del Arbol lui donne les traits d’un ancien policier à la retraite. Voilà un autre homme tourmenté.
Le roman de Del Arbol, le troisième paru en France, est une formidable histoire noire, extrêmement noire.
Un mélange de roman policier couplé à une fresque historique, entre l’Espagne et la Russie où la politique prend souvent le pas sur les sentiments, où les hommes se jouent des femmes, se délestent de leurs sentiments pour se laisser aller à une âme sombre et violente. De mensonges en mensonges, de souffrances en souffrances, de vengeances en désirs de rédemption, des hommes se débattent, tentent d’échapper à leur destin, tout cela sous le joug de l’Histoire qui se déroule sous nos yeux ébahis.
Toutes les vagues de l’océan, Victor Del Arbol, traduit de l’espagnol par Claude Bleton , éditions Actes sud, février 2015