[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#565F96″]L[/mks_dropcap]es frères Stan et Edouard Zambeaux reviennent avec un nouveau documentaire sur le mal logement, après Des clefs dans la poche (2015). Ils nous proposaient d’y suivre une dizaine de personnes, dont des familles, mal logées en région parisienne, expérimentant une proposition de l’association Aurore, dans le Cantal. Quitter la capitale et sa misère pour tenter de recommencer, à la campagne, avec à la clef « un toit et un emploi »…
Avec Un jour ça ira, les deux réalisateurs nous plongent cette fois au cœur de l’Archipel, du nom d’un centre d’hébergement d’urgence, géré lui aussi par l’association Aurore, au cœur du 8ème arrondissement de la capitale.
Entre 2015 et 2016, ils y ont suivi deux adolescents : Ange et Djibi. « Habiter au 115 » (numéro d’urgence du Samu Social, qui gère les orientations des personnes sans domicile, dont de nombreuses familles) c’est pour ces deux adolescents, et le reste des 70 enfants accueillis, avoir le statut d‘invisibles. Pour les laisser reprendre leur place, tenter de se construire, de grandir, et pouvoir mieux poser leurs valises, l’association Aurore expérimente à l’Archipel une façon différente de les accueillir : à travers des ateliers d’écriture, autour du chant pour Ange, et la rédaction de témoignages pour le journal Libération pour Djibi, nous suivons leur reconquête d’eux-mêmes.
Plus leur création va évoluer, plus la pérennité du centre va être menacée. Mais ni les nouveaux arrivants venus des différents démantèlements de camps de migrants, ni le déménagement du centre qui plane comme une épée de Damoclès au dessus de leurs têtes, ne parviendront à perturber leur désir de se raconter pour vivre. Et de se persuader que « un jour, ça ira ».
Djibi, auto-proclamé « serial déménageur » dès la bande-annonce, sert de guide entre l’univers des adultes, les ateliers, et le groupe d’enfants. Il est plein d’espoir quant au futur, et écrire est sa façon de se dévoiler, de coucher sur le papier ce qui est trop intime, comme son arrivée au centre, un 31 décembre, seul avec sa mère. Bouleversante de dignité, celle-ci fait des ménages pour nourrir son fils. La barrière de la langue qui isole cette maman se fracture petit à petit grâce au contact d’autres mères accueillies, une belle solidarité se met en place. C’est ça aussi, l’Archipel.
La jeune Ange va sortir de sa coquille grâce à sa professeure de chant, Peggy R. qui a accompagné un groupe d’enfants pendant plus d’un an avec son association Fausse Note. Elle surprend tout le monde, et surtout elle même avec son interprétation, embuée de larmes lors du « spectacle » d’avant le grand déménagement.
Stan et Edouard Zambeaux prouvent que l’optimisme et l’espoir des enfants portent la réussite de tous leurs apprentissages. « Mettre du beau dans le bas », le défi que l’association Aurore a voulu relever prend vraiment tout son sens avec la représentation des enfants devant l’ensemble du personnel d’Aurore, leurs familles, les migrants isolés arrivés en urgence… Tous sont émus, tristes de devoir quitter ce refuge pour un centre à Nanterre, où tout le monde ne pourra pas être accueilli, des chemins vont se séparer.
Avec les portraits très émouvants de ces familles dignes et en quête de vents favorables, les réalisateurs signent des images précieuses et des paroles à conserver. Peggy R. a réussi à enregistrer – dans l’urgence – dix chansons écrites avec une partie des enfants, c’est l’album Invisibles que je vous invite à découvrir. Ce disque est magnifique et important, malgré les difficultés de vie des enfants hébergés, ce qui nous frappe à son écoute, c’est l’espoir.
Car un jour, oui, ça ira…
Ci dessous la chanson d’Ange :
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Ange des rues
Ange des rues
Je suis perdue
Les pieds trop sur terre.
Tours de béton,
Sans horizon,
Je regarde en l’air.
Un chant d’oiseaux
Souvenir chaud
D’un matin de soleil
De ma fenêtre,
Un air de fête
Venu d’en haut.
Ange des rues
J’ai parcouru
Les pieds trop sur terre.
Une maison
Toute en chanson
Je suis pleine de rêves.
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