[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]e dernier livre d’Hélène Gaudy est un livre puissamment évocateur. Sorti durant la rentrée littéraire, Un monde sans rivage permet autant de profondes réflexions sur l’image et l’écriture qu’il alimente notre goût d’aventure. C’est l’histoire d’un échec que nous raconte l’écrivaine. Ce n’est pas le même que celui de Victor Considerant que Thomas Giraud évoquait dans son livre paru à la même période. Celui-ci est plus cruel. Il est révélateur de toute une période d’explorations où le monde était encore à découvrir.
[mks_pullquote align= »left » width= »300″ size= »18″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″] « Creuser un écart qui fait de chacun son propre témoin » [/mks_pullquote]
Par les photographies retrouvées de l’expédition polaire S.A. Andrée, Hélène Gaudy reconstitue les personnalités de Salomon August Andrée, Nils Strindberg et de Knut Frænkel. Ces trois hommes sont le pivot du récit. Autour, tout un monde s’est construit sur la conquête humaine des territoires autant par la photographie que par des exploits d’aventuriers. Hélène Gaudy évoque ainsi d’autres aventures. L’expédition Fram de Fridtjof Nansen, qui a atteint un record de latitude vers le Pôle Nord, vient soutenir l’échec tragique des trois protagonistes. D’autres figures vont venir renforcer le caractère illusoire de l’expédition Andrée. Par exemple Donald Crowhurst disparu en mer dans une tentative de tour du monde et qui affabule ses avancées dans son journal tandis qu’il fait naufrage.
Un monde sans rivage est né de la vision des photographies de cette expédition. Cette proximité avec l’image produit une littérature sans effet visuel. Au contraire, Hélène Gaudy restitue toute la puissance de la photographie aussi bien que de l’écriture. Elle donne une définition commune : « creuser un écart qui fait de chacun son propre témoin ». Ce texte s’inscrit dans une littérature qui cherche à invoquer l’histoire du monde pour la comprendre. Elle saisit l’importance de redonner sens au réel tel qu’il s’est construit.
Avec ce livre, Andrée, Strindberg et Frænkel sont comme retirés du mythe qu’on a construit autour d’eux. Les ombres laissées sur les photographies sont éclairées par une nouvelle lumière qui est l’écriture-même d’Hélène Gaudy.
[divider style= »dashed » top= »20″ bottom= »20″]
[one_half]
Un monde sans rivage
d’Hélène Gaudy
Paru aux éditions Actes sud, le 21 août 2019
[/one_half][one_half_last]
[/one_half_last]
Image à la une : LittleVisuals // pixabay // 2014