C’est terrible et c’est drôle à la fois. Et c’est le coup de force de cette bande-dessinée intitulée Le voile noir, avec Dodo à l’écriture et Cha au dessin. Un duo de choc au service d’une histoire rocambolesque sur fond de guerre fanatique en Syrakie.
Toute coïncidence ou ressemblance avec des situations réelles est ici volontaire et assumée. Une adolescente partie rejoindre le « Grand Khalifat » via la « Turkmanie », une mariée décapitée pour s’être maquillée et dont le corps repose avec une centaine d’autres au fond d’un ravin, un jeune Européen venu se faire exploser… Tout ça se révèle plus vrai que nature et c’est abominablement tragique !
Et « en même temps », toutes les scènes sont construites sur le ton de l’humour et de la dérision, pour mieux dénoncer l’intolérance, le fanatisme, la bêtise et l’horreur. Il faut dire que la bande-dessinée a beau être dramatiquement ancrée dans son époque, les personnages principaux sont suffisamment baroques et barrés pour nous faire marrer.
Dans la droite ligne des créations déjantées d’un Margerin (avec lequel – il n’y a pas de hasard – Dodo chante au sein du groupe Dennis Twist), les aventures de Gina et Tante Alice, héroïnes de ce Voile noir, n’ont rien à envier à celles de Lucien le rocker ou de Momo le coursier. De quoi nous donner la banane, en dépit des situations explosives.
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Cousine de Pauline, laquelle est partie en Syrakie et se trouve désormais retenue contre son gré, Gina est dotée d’une bonne dose de courage, d’inconscience et de débrouillardise. Elle espère que ce sera suffisant pour partir sur les traces de sa parente et copine, et lui sauver la mise. Ce dont doute Tante Alice, soixante-huitarde féministe au grand cœur et à l’inconscience totale, qui décide donc elle aussi de faire le voyage.
Pour parfaire son improbable plan et tenter de passer inaperçue, Tante Alice a l’idée de se déguiser… en barbu. Une manière comme une autre de tenter le tout pour le tout. Autant dire que les péripéties de Madame Catastrophe menacent à priori la réussite de l’opération. À moins que sa folie soit une chance et que sa discrétion toute relative offre à l’innocence juvénile de vaincre les forces obscurantistes.
Les couleurs pétantes et les airs ahuris de Tante Alice soulignés par le trait de dessin très expressif de Cha ajoutent au charme incontestable de cette BD, aussi détonante que son humour est noir. À vous désormais de jeter votre dévolu sur ce « Voile noir« .