[dropcap]E[/dropcap]t si aujourd’hui je vous offrais une ballade dans le Bayou en compagnie du Gun C … de Wailin Storms, quatuor américain qui a sorti en mai dernier Rattle ? Alors déjà, pour commencer, non, ne vous laissez pas duper par le nom du groupe : ce ne sont pas des hurlements orageux mais simplement les hurlements de Storms, Justin Storms, leader et fondateur du groupe. Rattle est leur troisième album, faisant suite à l’excellent One Foot In The Flesh Grave (tout un programme isn’t it?) en 2015, carte de visite parfaite, habitée et tendue, puis, en 2017, à Sick City, bénéficiant des mêmes ingrédients que le précédent mais ne parvenant pas à en restituer la tension.
Avec Rattle, il en va différemment. S’il creuse toujours le même sillon, le quatuor resserre les boulons, corrige les défauts de Sick City et livre un album court, rageur, d’une rare intensité. Dès l’introduction de Rattle, lourde, emplie d’électricité, et le chant de Storms, vous savez qu’il ne manquera qu’une étincelle pour vous prendre une claque. Étincelle qui arrive quelques secondes plus tard quand toute la violence contenue jusque là vous explose littéralement à la figure et vous envoie toute sa bile, sa hargne.
[dropcap]À[/dropcap] partir de ce moment, Rattle ne redescend pas, ou plutôt si, le groupe utilise toute cette rage pour explorer des zones où peu de personnes ont osé s’aventurer. En l’occurrence, et parce que j’ai omis de vous le dire, Wailin Storms officie dans le rock gothic, le swamp/punk blues, bref, visite régulièrement le Bayou de la Louisiane, soit des zones mystérieuses, moites, écrasées sous une atmosphère suffocante où le danger est partout. Il faut toute la folie fitzcaraldienne de Storms pour vous convaincre de le suivre, de s’enfoncer là où vous ne seriez jamais allé auparavant. Il y a chez lui un aspect prêcheur, évangéliste fou habité par une foi connue de lui seul – ou, si on veut faire un lien d’une rare évidence – revisitant les exégèses de l’album Fire Of Love de Jeffrey Lee Pierce : le blues selon Skip James, Robert Johnson, Chester Burnett, soit une musique sans fard, venant des tripes.
Comme pour Jeffrey Lee Pierce, vous retrouvez chez Storms la même intensité, la même rage, la seule différence venant du fait que quarante ans après Fire Of Love, le blues a pris d’autres formes, d’autres visages, d’autres détours, s’est insinué dans d’autres styles, que retranscrit parfaitement le groupe. On reste, certes, dans le punk blues, le gothic d’un 16 Horsepower mais s’y ajoute le métal via la lourdeur, l’oppression du doom. Et de ce fait, il y a dans Rattle une incandescence qui fait feu de tout bois. Même dans les moments relativement calmes (Grass, Crow), il subsiste une tension faisant que jamais vous ne parvenez à décrocher, que malgré tout, il vous faille aller jusqu’au bout, du morceau d’abord, de Rattle ensuite. Parce qu’outre le blues, le groupe fait valoir son héritage punk, à savoir composer des morceaux simples, relativement courts, accessibles, allant droit au but, accentuant ainsi l’intensité des compositions (Rope, Teeth, Sun par exemple sont des véritables giclées de rock qui vous mettent un genou à terre sans avoir rien demandé).
[dropcap]A[/dropcap]ussi, après une petite trentaine de minutes, quand arrivent les dernières mesures de End, vous vous retrouvez quelque peu lessivé, estomaqué par ce blues hanté, habité, mais prêt à repartir au combat dès que le besoin s’en fera ressentir. Et croyez-moi, ce besoin revient vite, très vite.
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Rattle – Wailin Storms
Antena Krzyku – 15 mai 2020
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Image bandeau : Wailin Storms / Andy Marino