[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#5AA174″]E[/mks_dropcap]lliott Smith.
Voilà. C’est lâché. Maintenant, passons à autre chose. Enfin … presque.
Il est vrai qu’à l’écoute de chacun des disques de Julien Pras en solo comme en groupe (hormis Mars Red Sky, projet stoner doom du Français), il serait assez aisé de prendre des raccourcis menant tout droit à l’Américain. Une voix quasi identique, un talent d’orfèvre quand on lui colle une guitare entre les mains et une aisance mélodique à faire pâlir de jalousie n’importe quel mélomane normalement constitué. Après, la comparaison peut s’arrêter là. Tout simplement parce que chez le Français, la plupart de ses mélodies sont habitées par une douceur empreinte d’une chaleur qui était, chez Smith, torpillée par une profonde mélancolie.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#5AA174″]P[/mks_dropcap]our s’en convaincre, rien de plus simple : écouter Wintershed, nouvel album du Français sorti ces derniers jours. Écrit et réalisé l’hiver dernier à la maison, dans des conditions particulières (sans chauffage, nécessitant donc des pauses pour ne pas voir ses phalanges se désagréger et prise de son quasi directe sans nettoyage pré et postalable pour rendre l’écoute plus organique), Wintershed s’avère être un disque presque radieux. Vu les conditions d’enregistrement, valait mieux. Pour cela Pras va non seulement convoquer l’esprit de Smith (Wintershed, rappelant parfois Bottle Up & Explode sur XO) mais surtout ceux des late sixties, du sunshine pop, à savoir les Zombies, un peu de Beach Boys, du Beatles, du Millenium, du Kinks et autres groupes pop savants à guitare. Sous ce haut patronage, Wintershed va régulièrement tutoyer les sommets d’écriture pop délicate (au hasard Divine Spark, Shallow Grooves et tant d’autres encore), voire même, sur Hired Mourners, faire jeu presque égal avec Nick Drake période Five Leaves Left. Mais comme pour Elliott Smith, le Français gomme toute mélancolie et imagine à travers sa chanson ce qu’aurait pu être un Nick Drake heureux, bien dans ses pompes. Néanmoins, Wintershed ne se limite pas seulement qu’à une déclaration d’amour à la pop sous toutes ses formes, il visite également les recoins lumineux du psyché (l’intro de Green Planets, ou encore sur Hurry Kane, Hired Mourners), comme si les Flaming Lips, après un dernier LSD, étaient restés perchés, un sourire constant sur la face, en se disant que l’acoustique c’est fantastique. Il en résulte un disque d’une douceur incomparable, savoureux et lumineux, chaleureux comme un feu de bois, en somme idéal pour nous accompagner tranquillement vers l’hiver.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#5AA174″]A[/mks_dropcap]près, qu’ajouter de plus ? Ah oui, une chose. Julien Pras est un des secrets pop les mieux gardés dans l’hexagone. Il serait enfin temps que celui-ci sorte de l’ombre dans laquelle il est confiné depuis Calc et goûte un peu à la lumière. Croisons les doigts pour que Wintershed soit le catalyseur qui lui permettra de franchir la première étape vers une reconnaissance publique qui serait entièrement méritée.
Sortie le 27 Octobre chez Yotanka Records et disponible chez tous les disquaires option orfèvre et dentelle de France.