Le garçon est un écorché vif. On le savait déjà. Mais force est de constater que le mythe de l’artiste maudit est finalement payant, attirant des kyrielles de fans.
Trevor Powers, alias Youth Lagoon, 26 ans au compteur, a d’abord une gueule. Qui évoque Syd Barrett lorsque le cheveu se frise, Nick Cave quand la tignasse s’allonge ! Ça peut aider à forger une légende… Mais Trevor Powers est avant tout un mélodiste. Qui soigne sa pop. Et sa voix, atypique.
Sur les dix titres de Savage Hills Ballroom , son troisième opus, il livre de vrais tubes. Highway Patrol Stun Gun étant, à juste titre, le premier single de cet album. Imparable.
Et si cette fameuse voix, qui évoque ici ou là dans sa tessiture un Asaf Avidan (sur Rotten Human en particulier), s’impose plus qu’auparavant dans cette galette, c’est du au traitement de celle-ci. Beaucoup plus aérien. En somme on a troqué les reverbs sonnant néo psychédélique pour une voix rentrante qui assume enfin son statut, devant les instruments. A côté tout au moins.
Musicalement, même si l’ensemble reste classique, pour ne pas dire sans réelle grande originalité, on navigue tout de même dans le haut du panier. Avec Again on est, indéniablement, dans cette dream pop qu’on affectionne particulièrement. Une vraie ballade atmosphérique qui, d’ailleurs, n’est pas sans rappeler Alt-J. Autant dire que ce titre est bon ! Free Me reste dans cette veine là, la rythmique et les voix sur le refrain rappelant à l’évidence le groupe de Leeds. Tandis que The Knower nous offre, sur sa fin, de belles envolées lyriques assorties de cuivres majestueux. Sur No one can tell les nappes synthétiques, qui lorgnent sur les 80’s, sont de sortie. Et la mélancolie, marque de fabrique du jeune natif de l’Idaho, est toujours présente. Doll’s Instate, l’instrumental qui coupe l’album en deux, en plein milieu, en est le meilleur exemple.
Un album qui ne traîne nullement en longueur. Et ça c’est toujours un bon point. A quoi bon en rajouter des tonnes, toujours inutiles, quand on sait rester millimétré de A à Z ? Trevor Powers l’a bien compris, grâce à ses mélodies millimétrées, ses textes écorchés mais pas trop chargés –en pathos de bas étage-, il assure une légitimité à son nouveau projet. Et annonce des lendemains sûrement glorieux. Histoire d’éviter, du haut de ses 26 ans, une malédiction des 27. Cet album devrait lui permettre de squeezer le fameux club mythique et se refaire, par là même, une réelle santé mentale.
L’album Savage Hills Ballroom sortira le 25 septembre. En attendant vous pouvez déjà l’écouter sur le site NPR music.
Site officiel – Facebook – Twitter