J’ai hésité avant d’écrire ce live report du spectacle offert par Kate Bush et son équipe dans le mythique Hammersmith Odeon (rebaptisé Eventim Appolo en 2013). En effet il se dit que le spectacle aurait été filmé et qu’une sortie DVD Bluray serait prévue. Certains mêmes se prennent à rêver à une tournée mondiale.
Et si c’était le cas n’aurais-je pas trahi les fans en dévoilant le contenu du show ? Pas simple.
Je ne voudrais priver personne de la surprise, du choc, du bouleversement que fut pour moi cet événement.
Certes je suis un fan de Kate Bush depuis longtemps et avant même de rentrer dans la salle j’étais déjà convaincu de la qualité du spectacle qu’elle avait préparé, d’autant plus que les critiques semblaient toutes plus dithyrambiques les unes que les autres.
Je m’inquiétais plus de ma réaction face à celle que je considère comme le seul mythe vivant encore en activité. Dire que je la considère comme une déesse n’aurait rien d’excessif même si cela peut paraître parfaitement ridicule à certains.
Evidemment j’ai pleuré. Vraiment pleuré. De joie et d’émotion. J’ai été rapidement rassuré en constatant que je n’étais pas le seul, mes voisins pleuraient de la même façon. Pure réaction de fans c’est vrai, mais nous n’étions pas au bout de nos peines… enfin de nos joies je dirais plutôt mais je ne vais pas réinventer l’expression.
La scène, très impressionnante par sa largeur et également par le foisonnement du matériel présent, accueille 8 musiciens en plus de Kate, et 5 choristes placés à sa droite. Le concert commence de manière très classique. Kate Bush n’a rien perdu de sa voix et je suis maintenant vraiment rassuré, c’était ma plus grande crainte. Les premières chansons s’enchaînent sans grande surprise. La mise en scène est classique, Kate se promène le long du plateau distribuant les regards à son public, sans oublier personne. Les choristes se balancent en rythme lorsqu’ils chantent et dansent énergiquement ou restent parfaitement statique (selon la musique) lorsqu’ils doivent rester silencieux. Classique ? Oui. Efficace ? Oui. Décevant ? Certainement pas mais pas surprenant.
Vient Running Up That Hill et là mes jambes tremblent, mes intestins se tordent, les larmes coulent, la puissance des percussions est impressionnante j’ai peur que le plafond s’effondre, Kate semble aussi habitée que je peux l’être quand j’écoute ce titre (250000 fois par an environ), j’exulte mais j’attends toujours le choc.
Le titre suivant commence dans l’enchaînement parfait du morceau précédent et le concert poursuit son petit bonhomme de chemin. Je note alors que les musiciens sont parfaits, physiquement discrets mais le son de la salle rend vraiment hommage à leur travail.
J’ai à peine le temps de remarquer que l’un des percussionnistes, ayant disparu de son poste, s’avance d’un pas très lent et très lourd sur l’avant-scène portant à sa main droite un objet étrange, que la salle est alors brutalement plongée dans l’obscurité.
L’homme dresse son bras et commence à le balancer au dessus de sa tête. Au bout de la corde qu’il tient dans sa main une sorte de peau tendue sur un cercle de bois. Il accélère la rotation et le bruit produit devient assourdissant. De plus en plus vite, de plus en plus fort. Le rideau tombe subitement et apparaissent des nuages sombres qui se regroupent en tourbillon puis en tornade. L’orage éclate. L’impression est énorme et je peux sentir le public s’agiter. Le spectacle a réellement pris le large.
Sur l’écran un astronome apparaît. Il est au téléphone et avertit les autorités qu’il a cru capter un appel d’urgence. Il a mal compris car la transmission était mauvaise mais, dit-il, il semblerait qu’une femme soit tombée à la mer.
Dans le programme du spectacle Kate Bush explique qu’elle a voulu que les projections vidéos du spectacle soient « la réalité » et les chansons et scènes jouées en live « le rêve ». Le rideau se lève et à partir de ce moment plus rien ne va être comme avant. Le rêve commence.
Et comme tous les rêves, vous le savez bien, celui-ci est impossible à raconter.
(ATTENTION SPOILER)
En effet si je vous disais que j’ai vu des hommes-poisson sortir des vagues et descendre dans le public, ou si je vous disais que j’ai vu l’océan de nuit seulement éclairé par les étoiles, ou même si je vous disais encore que j’ai vu Kate Bush chanter sur une balise en pleine mer vous ne me croiriez pas.
Et si je vous disais que j’ai vu Kate Bush portant un gilet de sauvetage chanter sur l’eau, que je l’ai vue se noyer puis qu’un hélicoptère a exploré toute la salle à sa recherche dans un bruit assourdissant et une lumière aveuglante, que je l’ai vue s’agiter sous la glace sous le regard de sauveteurs affolés avant d’être emportée sous nos yeux par les hommes-poisson, son corps passant à quelques centimètres de moi. Non, vous ne me croiriez pas. Moi-même je commence à en douter.
L’ai-je vue renaître au lever du soleil ? Entourée d’oiseaux dans le ciel ? L’ai-je vue danser avec une marionnette sortie d’une forêt de bouleaux sous la neige ? Etait-ce bien son fils qui peignait les nuages et le coucher du soleil pendant qu’elle nous envoûtait de sa voix unique sur les titres d’Aerial ? Je ne sais plus.
Lui ai-je bien vu pousser une aile ? Et est ce que je l’ai bien vu voler ? Non. Non car tout cela est impossible me direz vous. Sans doute. J’ai rêvé oui c’est certain. Et ce fut assurément mon plus beau rêve.
pas spécialement fan, mais ça fait méchamment envie !
merci !!
Edouard est amour … merci