Les conseils de GringoPimento
L’île au trésor – Robert Louis Stevenson et Maurizio A.C. Quarello
Paru chez Sarbacane, octobre 2021
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[dropcap]P[/dropcap]etit, je me souviens très bien, rue Beyle Stendhal (quelle référence !), arrivant chez la grand-mère, je me précipitais dans la chambre d’ami, pleine de livres, jeux et autres vieilles BD de mon père, de ses frères et surtout munie d’un tourne disque automatique. Fébrilement je cherchais le disque aimé. Et la féérie commençait. La peur aussi. Ce mélange merveilleux d’angoisse et d’envie. J’écoutais alors l’histoire de L’île au trésor. C’était surtout la première partie qui m’intéressait. Celle de l’auberge où le petit Jim faisait connaissance avec le méchant pirate. La marque noire me terrorisait et pourtant, à chaque visite, je cédais et je posais le disque.
Toutes ces sensations, vieilles et un peu oubliées, me reviennent aujourd’hui grâce à la lecture de L’île au trésor, avec le texte abrégé de Robert Louis Stevenson mais surtout accompagné par les dessins – que dis-je ! – les peintures de Maurizio A.C. Quarello.
Nous sommes chez Sarbacane, dans la collection des Grands Classiques Illustrés qui abrite déjà quelques beaux titres (Tom Sawyer par exemple).
L’édition est très belle. Le format très grand et il sied parfaitement aux peintures de cette histoire. La couverture est déjà très parlante. L’immensité de la nature, ici la mer et une île qui semble s’en prendre aux marins, la mer démontée qui ne les aide pas. Une partie de frayeur qui revient !
140 pages, 23 chapitres. Chaque chapitre contient une grande page illustrée, parfois une double page saisissante de réalisme. D’autres dessins en noir et blanc agrémentent cette grandiose édition de L’île au trésor.
Comment résister à une telle réussite ? C’est simple, on ne résiste pas et on se laisse embarquer dans les aventures du petit Jim, bercer par les illustrations de Maurizio A.C. Quarello et on retourne en enfance pendant un long moment. Ça n’a pas de prix !
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La nuit du faune – Romain Lucazeau
Paru chez Albin Michel, septembre 2021
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[dropcap]S[/dropcap]i vous cherchez une expérience de lecture, jetez vous sur La nuit du faune paru dans la collection Imaginaire chez Albin Michel. Après les deux tomes de Latium, sortis en 2016, Romain Lucazeau revient avec un livre inclassable, surprenant, difficile voire très difficile à lire, poétique et féérique. Je ressors de sa lecture, à la fois harassé, ébahi, agacé et enthousiasmé. Un mélange d’émotions. Si certaines pages sont longues, très longues, notamment les parties scientifiques auxquelles je n’étais pas préparé du tout, d’autres sont tellement belles que j’en ai oublié l’ennui qui m’a saisi parfois
Alors, La nuit du faune, semble être de la hard Science Fiction. Je n’en n’avais jamais lu. J’en lirai d’autres. Peut-être du même auteur.
Mais quelques mots sur La nuit du faune tout de même. Astrée vit seule, en haut d’une montagne, protégée du monde par un système sophistiqué. Un jour, un faune, sorte de bête qui parle, vient la déranger. Le silence d’abord entre eux. Une cohabitation tout en silence. Puis quelques échanges et tout au long du roman une compréhension mutuelle se fait jour ainsi qu’une amitié. Astrée qui a l’apparence d’une enfant est en réalité une très vielle personne, issue d’une civilisation disparue, détenant un savoir immense. Le faune lui, vient d’une civilisation naissante, il cherche à comprendre le destin de son peuple et à l’appréhender.
Tous les deux vont faire en une nuit, en sortant littéralement de leurs corps, un voyage intersidéral qui les mène aux confins du monde, de l’espace, de très nombreuses civilisations imaginés par Romain Lucazeau.
Je vais vous décevoir. Pour des créatures biologiques, je ne connais que trois issues: la stagnation, l’extinction, ou une transformation si radicale qu’elle revient, en fin de compte, à la deuxième option.
Que sera le devenir de l’humanité ? Peut-être Romain Lucazeau nous proposera d’autres issues imaginaires dans un prochain roman.
En l’attendant, La nuit du faune mérite très largement notre curiosité et notre attention.
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Les conseils d’Adrien
Le tilleul et Esquisses Musicales – César Aira traduit par Christilla Vasserot
Paru chez Christian Bourgois Éditeur, avril 2021
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[dropcap]L[/dropcap]e 10 octobre dernier était remis le prix Formentor à l’écrivain argentin César Aira. C’est l’une des grandes figures de la littérature argentine actuelle et en même temps une voix à part, à contre-courant des écritures contemporaines. Son œuvre est principalement publié aux éditions Christian Bourgois. Les deux derniers livres traduits sont sans doute deux portes d’accès pour découvrir cette écriture de l’infime à la fois labyrinthique et sans fioriture. Le tilleul et Esquisses musicales se passent tous deux dans la ville natale de César Aira : Coronel Pringles.
Tandis que Le tilleul raconte une enfance dans cette bourgade proche de Buenos Aires, Esquisses Musicales imagine la vie d’un peintre que l’on n’a jamais vu peindre. Ces deux courts textes du maître argentin illustre parfaitement son talent du récit quasiment improvisé. La lecture laisse une impression que l’histoire se crée au fur et à mesure, sans que cela soit déjà construit, que les fils narratifs soient déjà tendues pour aboutir à un final attendu ou déroutant.
Le Tilleul cache peut-être une autobiographie mais l’écrivain se joue de la réalité pour faire apparaître des éléments magiques. Esquisses musicales est clairement du côté d’un imaginaire ou la logique déroute et le réalisme enchante. Les deux livres, traduit par Christilla Vasserot, permettront à celles et ceux qui ne connaissent pas César Aira d’avoir une forte envie de lire l’ensemble de son œuvre pléthorique.
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Photocall – Vincent Broqua
Paru chez Les petits matins, 12 mai 2021
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[dropcap]P[/dropcap]hotocall,projetd’attendrissement de Vincent Broqua a récemment reçu le prix du roman gay mention poésie. On pourrait être surpris par la dénomination de ce prix mais la lecture du livre de Vincent Broqua permettra de se rendre compte de l’à propos de cette remise. En effet, la poésie qu’on y lit raconte comme un roman pourrait le faire. Elle raconte le désir et son renouveau sous l’angle de l’intimité des corps. Cette poésie est ainsi résolument politique.
Le désir raconté par Vincent Broqua est celui défait de toutes les oppressions à la fois capitaliste et patriarcale. Le souffle qui ressort de Photocall est celui d’un renouveau, d’un élan que beaucoup souhaitent voir aboutir. Il y a de plus en plus d’œuvre qui consolident une certaine idée de révolution du désir. C’est pour cela que Photocall est important au-delà de la richesse poétique et stylistique que Vincent Broqua y développe.
Ce livre de poésie se lit dans l’intimité, au creux de la page, et résonne bien au-delà. Vincent Broqua englobe les lectrices et lecteurs de Photocall dans son geste politique ; celui de parler d’amour à l’heure où combattre les oppressions devient plus que nécessaire, de renforcer le désir quand des spectres veulent l’annihiler et le conformer aux standard mortifère du passé.
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Le conseil de Dominique
Sousbrouillard – Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg
Paru chez Dargaud, Septembre 2021
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[dropcap]U[/dropcap]n bracelet de naissance avec écrit dessus le nom d’une ville : Sousbrouillard (Dargaud). Depuis son lit de mort, c’est tout ce que la tante de Sara lui a laissé. La jeune femme se met alors en quête de ses origines. Enveloppée d’une brume persistante, hachée par une pluie intermittente, hantée par le souvenir d’une double disparition inexpliquée, Sousbrouillard n’est autre qu’un désert au milieu de nulle part. Assurément, pour en apprécier les charmes et recoins, Sara va devoir faire preuve de courage et d’abnégation.
Les habitants, quant à eux, lui ouvrent progressivement leurs portes, dévoilant une part du mystère à chaque page tournée de la BD ! Ainsi donc, nous voilà rapidement captivés par les histoires rocambolesques, romanesques et cabossées qui font le sel et l’esprit de cette ville pas comme les autres.
Pour cela, les auteurs (Anne-Caroline Pandolfo au scénario et Terkel Risbjerg au dessin) font apparaître comme par magie nombre de protagonistes ayant tous un secret à partager. Sœur Martine Sauveur (et sa chapelle aux ronces), Ava de Moore (et sa voix chantée aussi profonde qu’originale), Lazare Molina (et sa dernière rose)…
Les histoires se succèdent et s’assemblent, formant un puzzle aux formes délicates et poétiques. Au fil des 200 pages qui le composent, l’ouvrage mise avec raison sur le capital sympathie qu’il inspire, nourri par un récit dense et un dessin évocateur.
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Le conseil de Barriga
La rivière des disparues – Liz Moore traduit par Alice Seelow
Paru chez Buchet Chastel, Avril 2021
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[dropcap]A[/dropcap]Kensingston, Philadelphie, drogue et prostitution gangrènent inexorablement le quartier, sur fond de pauvreté installée durablement. C’est au milieu de ces tours délabrées que deux sœurs inséparables ont grandi. Arrivées à l’âge adulte, désormais tout les oppose. Mickey, l’ainée, la protectrice, a rejoint la police. Kacey a sombré dans la drogue et se prostitue pour acheter sa propre consommation de plus en plus importante, glissant dans les abîmes de la déchéance. Que s’est-il passé pour en arriver là ? Mickey va se confier sur sa culpabilité de n’avoir pas su et empêcher que leurs chemins se séparent. Depuis ce jour, elle vit seule, une solitude bien ancrée qui lui donne une profondeur singulière et attachante. Tout s’accélère quand une succession de meurtres secoue de nouveau le quartier. Mickey craint encore plus pour la vie de sa sœur…
Il faut signaler la qualité d’écriture de la part de l’autrice qui donne à ses personnages une épaisseur profonde et sincère, une ambivalence plus qu’aboutie qui nous permet de ressentir énormément d’empathie pour eux. Il y a beaucoup de tristesse qui se dégage chez Mickey, une amertume assumée, une terrible part de culpabilité qui lui colle à la peau quoi qu’elle fasse. L’âme humaine et les tourments sont très bien rendus, presque palpables. C’est un roman policier qui prend son temps pour poser le cadre et la complexité des protagonistes. On savoure le style posé et maitrisé, la description des scènes qui permettent de nous figurer les bas fonds des quartiers, une radioscopie de l’indigence dans laquelle le crime profite. Un roman noir remarquable !
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Le conseil de Un Livre au pif
Loin du Coeur – Recueil de nouvelles – 21 auteurs
Paru chez Éditions Beta publisher, Août 2021
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[dropcap]L[/dropcap]e 25 novembre est la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
À cette occasion l’écrivain Stéphane Bourles a eu l’idée de créer un recueil de nouvelles à auteurs multiples, et en association avec la Fédération Nationale Solidarité femmes qui depuis 1987 écoute, accompagne, héberge les femmes qui souffrent de violences.
Avec les Éditions Beta Publisher, ils organisent donc un appel à nouvelles. Ils en retiendront 21, toutes écrites par des auteurs de sexes, d’âges et d’origines différentes : Aurélien Bessard, Jeanne Gaudin, Marc Jatteau, Antoine Lagarde, Stéphane Bourles, Nadia Bourgeois, Juliette Galliani, Didier Gotthold, Sephora Calodat, Françoise Osiek, Claire Sibille, Jade Mahé, Maë Le Cunff, Maya Flochel, Marc Gérard, Serge Goriely, Marie-Clotilde Bastide, Assia-Printemps Gibirila, Claire Conte, Élisa Burellier et Hélène Hérault.
Certaines sont des témoignages, d’autres de pures fictions, avec pour certaines une part de réflexion, de remise en question sur le sujet, comme Au recommencement écrite par Aurélien Bessard. Dans cette nouvelle, l’auteur a imaginé une réécriture des prémices de la Bible : Et si Eve n’avait pas croqué la pomme ? Qu’est-ce que cela aurait changé ?
Ce recueil est touchant, prenant et bouleversant, de vérité. Mais il questionne également, sur nos agissements, nos réactions, notre rôle. Il est riche par sa multitude de points de vue et d’histoires.
En le lisant on se rend compte d’une chose essentielle : On a tous ou toutes déjà vu, entendu ou vécu une histoire comme celle-là. Ce livre est un appel à l’action, au soutien.
Entièrement associatif, ce livre reverse tous les bénéfices à la fondation Solidarité femmes afin de leur venir en aide. Quand agir, c’est lire, Loin du cœur sublime et puissant recueil de nouvelles
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