[dropcap]H[/dropcap]uitième roman de Iain Levison à paraître chez Liana Levi depuis Un petit boulot en 2003, Un voisin trop discret creuse le sillon de ses prédécesseurs et assure la continuité de Pour services rendus (2018) dont il semble poursuivre la réflexion. On y retrouve en effet ses réflexions autour de la guerre et des conséquences qu’elle peut avoir sur ceux qui l’ont vécue et tentent de retrouver une vie civile « normale ». Mais Levison y brille également par son sens aigu de l’intrigue et prend plaisir à entremêler les destins de ses protagonistes.
La dernière fois que Jim a dîné chez quelqu’un, il y avait un président différent. Et la fois d’avant, encore un autre président. Jim a une moyenne d’un dîner par administration et il trouve même que c’est excessif. »
Iain Levison.
Au départ, il y a Jim, la soixantaine, chauffeur Uber, pour qui seule compte sa tranquillité. Lorsque de nouveaux arrivants s’installent dans l’appartement mitoyen au sien, sa (fausse) quiétude va voler en éclats. En effet, l’ambiance est plutôt orageuse entre Corina, sa nouvelle voisine, et Grolsch, son mari militaire qui enchaîne les missions en Afghanistan, dont il revient chaque fois plus perturbé. Pendant ce temps, au Texas, Madison se prépare à épouser son ami Kyle afin que celui-ci puisse envisager une carrière fructueuse dans l’armée puis la diplomatie en dissimulant son homosexualité.
Alors oui, dit comme ça, l’ensemble peut sembler un poil foutraque et éparpillé. Mais, et c’est là une des très grandes qualités de Iain Levison, l’Écossais tient tous les fils de son récit avec assurance et rien n’est laissé au hasard. Un voisin trop discret, avec ses 220 pages, est une petite merveille de précision qui se lira d’une traite (ou presque) tant son auteur s’y entend pour installer une tension progressive à laquelle il est impossible d’être insensible.
Si la réussite est indéniable dans la forme, on ne pourra que se réjouir une nouvelle fois de la capacité de Levison à s’attacher autant au fond et à distiller çà et là des observations caustiques sur son pays, les hommes politiques ou ses concitoyens. L’hypocrisie de l’administration militaire (« Être marié à une pute c’est pire pour ta carrière que d’être célibataire ») en particulier y est sévèrement épinglée. Rempli d’humour malgré la noirceur du récit, Un voisin trop discret trouve ainsi parfaitement sa place au sein de l’œuvre de Levison, drôle et cinglant comme on aime, intelligent et sacrément bien foutu. On tient donc là encore une fois une excellente cuvée, à croire que l’auteur se bonifie avec l’âge.
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Un voisin trop discret de Iain Levison
Traduite de l’anglais par Fanchita Gonzalez Batlle
Éditions Liana Levi, Mars 2021
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Image bandeau : Photo by David Werbrouck on Unsplash