https://www.youtube.com/watch?v=s6I3JGzJAdM
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]T[/mks_dropcap]rente ans de saturations qui ne s’apaiseront jamais, un gavage de boucles folles portées par une formation irlandaise ayant déjà marqué de ses tensions le phénomène shoegaze dont elle fut l’amorce redoutable… L’une des têtes de proue d’un vice masochiste tendant à torturer les cordes dans les effets colossaux d’un brouillard foudroyant.
Ce 21 novembre 1988, c’est enfin un premier long format qui voit le jour après une cascade de promesses ayant déjà tracé une ligne directrice aussi expérimentale qu’incisive !
Déjà trente années à repasser la bande d’Isn’t Anything, disque floqué de l’étendard de Creation Records et remarqué par les observateurs d’antan pour sa capacité à noyer les mélodies diaphanes dans un étrange bain où se mêlent autant les sensations léthargiques que les grincements bourrés d’acouphènes.
Si My Bloody Valentine enfoncera plus radicalement le clou trois ans plus tard avec Loveless, la troupe menée par l’icône bruitiste Kevin Shields enclenche avec ce premier album l’une des plus saisissantes carrières d’un rock pas comme les autres, celui qui s’exprime au travers de creux et de bosses, de souffrances stridentes comme de diffusions trempées dans l’éther.
Après trois décennies, les fans des débuts comme les nouveaux disciples ne peuvent que s’incliner à l’écoute de l’entame syncopée Soft As Snow (But Warm Inside), les sommets du genre tels Feed Me with Your Kiss ou Sueisfine … Sans oublier les délivrances chantées par la voix fragile et perdue de Bilinda Butcher (Lose My Breath – No More Sorry)
Bref, une œuvre qui se décline au gré de réécoutes infinies, l’expression encore bien vivante d’un entêtement à la densité assez rare même si finement masquée derrière les nouvelles pierres posées sur l’imposant mur de son d’un édifice que l’on connait si bien aujourd’hui. Tout bonnement la pièce maîtresse d’une musique contorsionnée et exploratrice.