[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]ddict-Culture a choisi de consacrer cette semaine, à une collection, qui après trente ans d’existence s’inscrit comme un acteur majeur de l’histoire de l’édition française.
[mks_icon icon= »fa-thumb-tack » color= »#000000″ type= »fa »] Retour sur la généalogie de Rivages/Noir et Rivages/Thrillers, un catalogue impressionnant à l’identité singulière
En 1986, Edouard de Andreis, fonde la maison d’édition Rivages (qui deviendra plus tard Payot-Rivages). Il demande à François Guérif de le rejoindre et de créer la collection « Rivages Noir ».
Celui-ci a déjà un beau curriculum vitae en matière de littérature noire : en tant que libraire d’abord puis éditeur des collections Red Label et Fayard noir et rédacteur en chef de la revue spécialisée « Polar ». L’homme est aussi un spécialiste du cinéma noir. C’est donc un passionné qui prend les commandes. Ses choix nous le prouveront au fil des années : fidélité réciproque à ses auteurs, intraitable sur la qualité de la traduction et infatigable découvreur de talents et de territoires.
Les lecteurs savent bien de quoi on parle : la collection a su tracer une véritable cartographie du monde littéraire par le biais du roman noir, au travers de plus de 1000 romans publiés en trente ans.
[mks_pullquote align= »left » width= »250″ size= »24″ bg_color= »#000000″ txt_color= »#ffffff »] »Une mauvaise traduction peut tuer un livre » François Guérif [/mks_pullquote]
Ce qui fait aussi la force de la collection, c’est la façon dont on y traite les textes : traductions intégrales, de grande qualité, politique d’auteurs qui vise à publier, autant que possible, l’intégralité d’une œuvre, et aussi à retraduire les nombreux auteurs de romans noirs victimes de traitements barbares de la part de certains éditeurs français d’origine qui considéraient que le polar et le roman noir, c’était fait pour lire vite fait, dans le train, le bus ou le métro… De la sous-littérature, quoi ! «Une mauvaise traduction peut tuer un livre», dit volontiers François Guérif dans l’entretien croisé qu’il nous a accordé avec son auteur fétiche, James Ellroy.
[mks_icon icon= »fa-thumb-tack » color= »#000000″ type= »fa »] Redécouvrir, retraduire, mais aussi découvrir
Démarrer en beauté en 1986 avec un certain Jim Thompson, poursuivre avec Hugues Pagan, s’étonner devant le style novateur de James Ellroy, recevoir en plein coeur le choc Robin Cook, s’immerger en Louisiane avec James Lee Burke, réhabiliter le grand David Goodis, sonder les profondeurs de l’Angleterre avec John Harvey, partager la vision du monde de Pascal Dessaint, se laisser emporter par le suspense signé Dennis Lehane, hypnotiser par l’écriture de David Peace, s’émouvoir avec Hervé Le Corre…
Symboliquement, le n° 1000 de la collection, sur lequel pariaient nombre d’aficionados (un Ellroy, un Thompson ?) est Gravesend, le roman de William Boyle, parfait inconnu. Ainsi, François Guérif prouve que le travail est loin d’être terminé.
Et puis la collection Rivages/Noir, ce sont des livres au format de poche reconnaissables à leurs couvertures au graphisme et à la typographie caractéristiques : grain, couleur, traitement de l’image… (grâce au talent de Jacqueline Guiramand). Au fil des ans, les couvertures ont guidé le lecteur curieux dans les rayons des librairies, sûr de ne jamais être déçu par un “Rivages” . On en connaît certains qui se damneraient pour compléter leur collection…
Enfin, derrière François Guérif, on se gardera bien d’oublier l’équipe : éditeurs, traducteurs, attachés de presse, responsable des relations libraires travaillent ensemble pour que nous, lecteurs, puissions continuer à découvrir cette littérature internationale incroyablement riche… Trente ans, vous dites ? Comme le temps passe…
Bon anniversaire, Rivages / Noir, et « many happy returns » !