[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]U[/mks_dropcap]n tueur a vu le jour dans une bourgade perdue du Brésil. Adolescent initié par son oncle, il a tenu un carnet dans lequel il mentionnait chacun de ses meurtres. 492 sur une période de 30 ans. Des hommes, des femmes, des adolescents. Peu importait du moment qu’il était payé.
Ce tueur se nomme Julio Santana. Il existe.
Klester Cavalcanti, l’auteur, lui a parlé de nombreuses fois au téléphone pour avoir son témoignage. La confiance s’installant petit à petit, le tueur s’est livré. Totalement. Jusqu’à une rencontre de trois jours. Cavalcanti tire de ces conversations-confessions le brûlot littéraire dont le cinéaste Fernando Meirelles dit qu’il s’agit de « littérature de non-fiction ».
L’auteur décrit la vie de Julio avec sa famille, son enfance heureuse même si pauvre, son entente avec son oncle, militaire, sa passion et ses facilités pour le tir à la carabine, son amour de jeunesse Ritinha qu’il perdra à cause de ce « travail ».
On a peine à croire en lisant le début du livre que Julio, jeune garçon naïf, très croyant, à l’instruction plutôt défaillante, se laissera entraîner dans cette vie et commettra tous ces meurtres. Et pourtant. Malgré sa peur, ses doutes, malgré Dieu qui le regarde à tout instant, Julio va commettre 492 meurtres de sang froid. Fusil, revolver, couteau, quasi noyade, balles dans la tête, égorgements. Cavalcanti n’épargne rien des actes de son tueur.
C’est souvent insoutenable. D’autant que Julio commet ses actes jusqu’au bout, sans hésiter. C’est seulement une fois le meurtre commis que les remords se font jour. Mais une fois passés, un nouveau contrat arrive et Julio Santana repart au travail.
Si ce 492, Confession d’un tueur à gages peut se lire et s’entendre comme une éventuelle fiction (le style de l’auteur nous pousse peut-être vers cela), il nous faut avoir en tête en permanence que ces faits sont réels. La plongée dans un Brésil des campagnes perdues est totale. Des petites gens, vivotant, travaillant comme ils peuvent, survivant, avec souvent comme seul espoir l’idée d’entrer dans la police pour gagner un peu d’argent. Or, cette police brésilienne, l’auteur nous la présente sous un funeste jour. Inefficace et cruelle. Corrompue à tous les étages. C’est d’ailleurs ainsi que Julio, arrêté une fois pour meurtre, pourra s’en sortir. Avec un pot de vin. Et le lecteur de se demander, fascination morbide, comment, dans un pays civilisé mais aux dimensions extraordinaires, un homme peut commettre 492 meurtres en étant inquiété une seule fois.