La première fois que je vis Malkovich à l’écran fut une véritable secousse.
Je venais, adolescente, de terminer la lecture des Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos qui m’avait subjuguée et me décidai à regarder circonspecte, étant peu amatrice de la mise en images des romans, l’adaptation cinématographique de ce chef d’œuvre par Stephen Frears à la faveur d’une diffusion télévisuelle. J’avoue, voir ce libertin de Valmont incarné de manière si juste et puissante par un Malkovich tout en yeux fous et sourires pervers m’éblouit. Pire, il titilla mes désirs naissants de jeune fille encore naïve telle cette oie blanche de Cécile de Volanges, comme dans cette scène terrible, cruelle où le Vicomte tire le chignon de Madame de Tourvel, incarnée par la diaphane Michelle Pfeiffer, et la quitte en lui répétant « Ce n’est pas ma faute » de cette voix « traînante, nasillarde et légèrement orgasmique » , selon The Guardian, si particulière.
Je crois que jamais avant Malkovich, je n’avais réussi à trouver sexy la perruque talquée et les bas de soie. Jamais depuis non plus. Même Colin Firth ( oui, même lui ! ) ne lui arrive pas à la jaquette dans Valmont, l’adaptation mitigée de Forman sortie un an après celle de Frears.
Malkovich se mit alors obséder mon imaginaire de jeunette. Je le vis par la suite dans une autre adaptation, cette fois-ci un roman de Steinbeck, Des souris et des hommes réalisé par Gary Sinise. Le film n’a en soi rien d’extraordinaire, plombé par un académisme propret et un brin ennuyeux, mais confirmait alors mon amour inconditionnel pour l’acteur tant son jeu y est impressionnant, incarnant un Lennie touchant.
C’est alors que Spike Jonze réalisa mon ultime fantasme en 1999 en proposant de se glisser Dans la peau de John Malkovich. Un film hallucinant et génial, tout en virtuosité, où Malkovich devient le pantin des envies de chacun de protagonistes de l’histoire. L’acteur y livre une performance époustouflante, épaulés par une Cameron Diaz et un John Cusack très inspirés.
Il est à noter que Malkovich devient à nouveau objet de fascination et d’obsession quelques années plus tard, en 2013, cette fois-ci devant l’appareil du photographe Sandro Miller. À travers la série Malkovich Malkovich Malkovich : hommage aux maîtres photographiques, l’acteur incarne notamment Marilyn Monroe, un cliché célèbre de Dorothea Lange, Andy Warhol, Albert Einstein ou encore Jean-Paul Gaultier. Des détournements bluffants et un hommage réussi aux maîtres de la photographie !
Il me serait impossible de citer toute sa filmographie tant elle est riche et hétéroclite, l’acteur ayant joué dans plus de 70 films depuis le début de sa carrière dans les années 80 et dans des genres très différents. Ce qui est sûr, c’est que John Malkovich est un des seuls comédiens au monde dont la présence au casting d’un film suffit à me faire aller dans une salle obscure.
Joyeux 65 ans à ce monstre sacré qui n’a pas fini de nous surprendre et nous fasciner !