Le premier film d’Alix Delaporte, Angèle et Tony, film d’une belle et douce sensibilité, m’avait déjà séduite en 2010, ce second long métrage m’a complètement transporté.
Clotilde Hesme et Grégory Gadebois sont à nouveau embarqués dans l’aventure de son nouveau film. Acteurs excellents qui vont, cette fois-ci, jouer avec un tout jeune acteur, Romain Paul dans l’un de ses premiers rôles. Son personnage est central dans cette histoire. D’une incroyable justesse avec un jeu d’une forte intensité, c’est la révélation de ce film. La nature tient également une place essentielle, tout comme dans son premier film : au loin la mer, le sable et les dunes… Par petites touches, elle nous fait cadeau d’une lumière éclatante, hypnotisante. Alix Delaporte nous offre une scène et une lumière absolument magnifique lorsque le jeune Victor, sur la plage, décide de se faire raser la tête. La réalisatrice a également décidé de nous faire voyager avec une superbe bande originale. Celle-ci fait corps avec le film et en inspirera même le titre. Elle sublime ce long métrage.
Tout au long du film, on suit ce jeune garçon pas à pas, on sent la caméra à l’épaule qui se faufile tout prêt. Ce jeune garçon est solide, intense et plein d’amour, parfois en colère mais ne montre jamais d’agressivité. L’occasion se présente à lui un jour, de voir enfin son père, il y va, sans se poser de questions, comme une évidence. On ne ressent pas sa peur, juste une envie profonde de le connaitre, de le découvrir, de comprendre son univers. Et ce père va se laisser apprivoiser par ce jeune garçon. Il va même apprendre à découvrir le partage de sa passion, la musique classique. Victor écoute, se laisse embarquer dans un univers qu’il ne connaît pas. Lui qui aime le foot.
Alix Delaporte nous surprend. Elle nous emmène sur le terrain des sentiments d’une beauté incroyable. Rien n’est éclat et drame. Tout est mesuré et souvent bouleversant. A l’opposé des stéréotypes du jeune garçon jouant au foot et insensible à la musique classique. J’aime ce « possible » des choses, peut être est-ce naïf ? Et alors ?
Ce qui m’a plu, ce sont tous ces portraits de gens. La caméra est d’une telle proximité que le spectateur tombe amoureux de tous ces personnages. Ils ont tous un rôle à jouer, j’ai l’impression d’être dans la galerie des découvertes. Les liens affectifs se réinventent sans cesse.
On ne connaît rien de l’histoire avant, on ne connaît rien de l’histoire à venir. On est juste là un instant de vie à vivre cette intrigue avec tous ces personnages.
La situation est douloureuse mais l’ambiance jamais lourde juste parfois dure, comme la vie. Et il y a ce garçon, au milieu de tous ces personnages, d’une énergie folle, qui croit, lui, que c’est possible. L’amour pour sa mère est indestructible, l’amour naissant pour son père devient également très fort. Le spectateur accompagne ce garçon saisissant dans sa quête.
Ce film intimiste nous laisse en mémoire de superbes sourires, des regards complices et des silences apaisants.
Avec ses deux films, Alix Delaporte nous transporte dans un cinéma délicat, tout en douceur, d’une grande bonté et beaucoup d’amour. Un cinéma profondément humain et intelligent.