Le Grand Prix du jury de Cannes 2014 est passé un peu inaperçu au regard du reste du palmarès qui a fait vibrer à la fois presse et public.
Les merveilles se veut naturaliste : grain volontairement laid pour une ambiance pays de l’Est, flaque de boue, maison en ruine et vie paysanne dans une Italie hors d’âge mettant en scène les rapports vaguement conflictuels d’un père asservissant sa famille au dur labeur de l’apiculture.
On peut reconnaître au film sa volonté de ne pas tomber dans l’excès ou le pathos à outrance, se contentant de filmer à hauteur d’enfant les soubresauts de cette famille un peu hors norme. A partir du moment où l’on comprend qu’il ne se passera à peu près rien si ce n’est le quotidien pénible des travailleurs de la terre, on peut éventuellement se contenter d’un film à vocation documentariste. Le problème est alors double : non seulement, il est excessivement long, mais il se met brusquement à vouloir raconter quelque chose. Soit l’incursion d’un concours télévisuel dont Monica Bellucci est la star et l’arrivée d’un enfant en réinsertion permettant de faire battre le petit cœur de notre Cosette des champs. C’est non seulement maladroit, grossièrement écrit, mais finalement aussi peu intéressant que ce qui précédait. On ne comprend pas vraiment où tout cela nous mène, entre exploration inachevée d’un Œdipe édulcoré et regard vaguement tendre sur les strass de la télévision de troisième division, le film devient une sorte de Little Miss Sunshine équitable, d’autant plus irritant qu’il semble vouloir forcer le trait d’un drame sans enjeux ni intérêt.
Apparemment, parler trois langues au sein d’un même film, nous proposer un plan séquence final (porté avec une maladresse consternante) réunissant dans un même mouvement une ellipse temporelle et capter la tendresse gauche d’une famille ont suffi à séduire le jury de l’année dernière… Un grand mystère si on lui oppose notamment la splendeur de l’oublié Saint Laurent de Bonello.