[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]ela fait maintenant trois ans que Christopher Lee nous a quitté. Le célèbre comte transylvain (et d’une galaxie lointaine) n’est plus mais il a laissé en héritage sa carrière artistique d’une incroyable richesse et diversité.
Né à Londres, dans le quartier de Belgravia, il grandit dans un univers aristocratique : Sa mère, modèle Channel d’origine italienne, est capable de faire remonter sa lignée jusqu’à Charlemagne et son père est un officier de l’infanterie royal, vétéran de la Première Guerre Mondiale. Malheureusement les déboires financiers de son père et le divorce de ses parents contrarie ses études et l’oblige à enchaîner des petits emplois. Pendant la Seconde Guerre Mondiale il suit les traces de son père en rejoignant la RAF, puis le renseignement. Devenu polyglotte grâce au métier, il maîtrise neuf langues, il sera surtout témoin de l’horreur des camps de concentration au moment de la dénazification.
Après la guerre, il suivra le métier d’acteur mais son physique atypique, ses traits latins et son mètre 92, l’empêche d’obtenir les premiers rôles. Néanmoins c’est pourtant bien ce physique particulier qui finira par le faire remarquer, avec en 1957 son premier succès : Frankenstein s’est échappé dans lequel il joue la créature. Sa toute première collaboration avec le réalisateur Terence Fisher et son alter-ego Peter Cushing qui joue le baron homonyme. A eux trois ils feront les belles heures de la Hammer, ce légendaire studio britannique officiant dans le cinéma d’horreur, avec aussi Boris Karloff et Vincent Price. C’est surtout en 1958, que le Britannique accèdera à la renommée avec le Cauchemar de Dracula, où il est le fameux vampire autrefois interprété par Bela Lugosi. Il reprendra le rôle à dix reprises et signera aussi de nombreux autres films avec Terence Fisher toujours pour y jouer les méchants machiavéliques tels Fu Manchu et Raspoutine.
Durant les années 1970 tout en reprenant le rôle de Dracula, il tente de se diversifier avec notamment La Vie Privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder où il joue le frère du célèbre détective. Cependant il reste proche du cinéma d’horreur avec Le Dieu Osier, véritable monument du folk horror. Tout en continuant à incarner les antagonistes emblématiques du 7e art, comme Francisco Scaramanga, alias L’Homme au pistolet d’or, rendant par la même occasion hommage à son cousin : Ian Flemming.
Les années 80-90 sont moins prolifiques mais l’ancien vampire en profite pour se lancer dans une carrière musicale, plus particulièrement dans le métal symphonique. Tout d’abord en tant que narrateur pour les groupes Rhapsody of Fire et Manowar. Et aussi pour ensuite produire un album en 2010 : Charlemagne : By the Sword and the Cross. L’opportunité pour lui de rendre hommage une nouvelle fois à un illustre membre de sa famille.
Enfin à l’aube du nouveau millénaire, les plus jeunes qui ont grandi avec les films de la Hammer et qui sont devenus des réalisateurs de premier plan à Hollywood sauront redonner vie à leurs vielles idoles comme Christopher Lee. On pense à Tim Burton qui lui offrit de très beaux seconds rôles dans ces œuvres à partir des années 1990. Puis surtout Peter Jackson, le choisira pour Saroumane, le sorcier corrompu dans la double trilogie du Seigneur des Anneaux et du Hobbit. Georges Lucas pensa aussi à lui pour le Comte Dokku, un vieil aristocrate Jedi passé du côté obscur dans le deuxième opus de la prélogie Star Wars. Des personnages qui le firent connaître auprès des jeunes générations.
En bref le natif de Belgravia incarnait le prototype idéal du gentleman du siècle dernier : élégant, cultivé, humble et ouvert sur son monde. Un gentleman marqué par la guerre, devenu une véritable icône de la pop culture de par ses rôles mais aussi de par sa grande polyvalence en touchant à diverses formes artistiques. Il restera dans l’histoire du cinéma pour avoir campé avec classe les plus grands méchants de son art. Pour sa dernière apparition dans l’ultime opus du Hobbit de Jackson en 2015, il reprenait les traits de Saroumane mais une fois n’est pas coutume, en étant cette fois-ci du côté des forces du bien. Comme un pied de nez à sa carrière, on a pu alors le voir une toute dernière fois afin de combattre, avec grâce, (et avec la modeste aide d’une doublure) les tristes sires d’un obscur seigneur du mal.
https://youtu.be/bhzzfXQmv9w