« Ah ah ahahah
Life is a joke »
Bill Callahan : Hangman Blues.
Bon, n’allez pas croire que j’ai perdu le dernier neurone qu’il me restait en citant Smog en intro d’une chronique de J Pop. Non, c’est juste que l’ironie de la situation fait que c’est la première chose qui m’est venue en tête quand j’ai voulu débuter cette bafouille. Pourquoi ? Parce qu’il y a très peu de temps, je disais détester les compiles. Et là, paf, j’en chronique deux. Idem pour la J Pop. Déjà, je tiens à m’excuser auprès des amateurs : je n’y connais strictement rien et en ai une vision, j’imagine, assez caricaturale. Pour moi, cela s’arrête aux génériques d’animes (Death Note, Ajin, One Punch Man, L‘attaque Des Titans et j’en passe), assez insupportables, et Necronomidol, que je trouve plutôt intéressant. Après, le fait de ne pas accrocher plus que ça vient sûrement du choc culturel : moi le vieux débris abreuvé à l’indie-rock des 90‘s, ces voix de jouvencelles hystériques (ou de mâles sous hormones de croissance) sur une musique hésitant entre guimauve baveuse et hard rock hypomane testostéroné, me font, dans le meilleur des cas, rigoler et, dans le pire, m’horripilent.
Jusqu’à Seiko Oomori.
Apparemment Seiko Oomori n’est rien moins qu’un mythe dans le monde de la J Pop et des Anti-Idol. Venue à la musique presque par hasard, elle se fait connaître fin des années 2000 en jouant les bouche-trous dans l’un des quartiers populaires de Tokyo avec sa guitare acoustique. Au fil des performances elle acquiert une assurance ainsi qu’une crédibilité qui la verront être courtisée par différentes majors. Entre 2008 et 2014, la jeune femme crée son propre label, sort plusieurs disques, minimalistes et acoustiques (entre Lo-fi, Folk et Slacker), fait des prestations live de plus en plus remarquées (évoquant dans le contact et la générosité, la relation que Prince pouvait avoir avec son public) avant de céder aux sirènes du label Avex en 2014. Depuis, sans changer un iota sa personnalité, elle sortira sept albums qui oscilleront entre folk, pop, noise et J Pop avec égal talent tout en voyant sa notoriété et son succès grandir mais sans atteindre nos frontières.
Mais ça, c’était avant que Specific Recordingsne se mette en tête d’élargir son audience à la France. Pour ce faire, le label Messin ne va pas hésiter à y mettre tous les moyens possibles et imaginables. Au bout de deux années de tractations douteuses (extorsions, chantage, crimes et j’en passe), de pot-de-vins éhontés (trafic de pâté, quiches, fuseau, mirabelles, etc …) dignes d’un Paul Bismuth entre son manager, Avex et Specific, Oomori finit par céder et autoriser les Messins à sortir Alchemy, compilation des années Avex.
Autant vous le dire, il faut bien 19 morceaux pour aborder toute l’étendue du talent et la diversité d’Oomori. Parce qu’il y en a pour tous les goûts : vous êtes amateurs de J Pop ? pas de problème. De folk barré ? Pas de problème. De génériques d’anime ? Pas de problème. De compos rocks sous amphètes ? Pas de problème. De bluettes romantiques, de pop, de soul, de Lo-fi ? bref, vous aimez la musique sous toutes ses formes ? Alors vous devriez vous y retrouver à un moment ou à un autre. Exemple ? l’amateur d’indie-rock trouvera dans certains morceaux des accointances avec Pj Harvey(l’acoustico-vénère Shipin), Björk (le vocalement dysfonctionnel Night On The Planet). L’amateur de variété laissera quant à lui traîner ses esgourdes sur Not A Child 17, pop soul évoquant leYou Can’t Hurry Lovede Phil Collinsou la Motown, au choix. L’amoureux de la pop song légère et sautillante craquera sur Life Kill The Time 4 You. Le néo-métalleux pourra faire des sauts de cabri avec sa air guitare à l’écoute de Zoc Laboratory.
Et de toute façon, si vous aimez la mélodie imparable, du genre à vous rester vissée dans la boîte crânienne au bout de deux écoutes, les arrangements hallucinants, toujours sur le fil du kitsch sans jamais tomber dedans, que la folie ne vous effraie pas, il n’y aucune raison que vous passiez à côté d’Alchemy. Bien au contraire. Parce que non seulement c’est une excellente porte d’entrée à l’univers de Seiko Oomori (et croyez moi, une fois que vous mettez les oreilles dans sa discographie, vous n’êtes pas prêt d’en sortir et d’être épatés par les audaces dont elle fait preuve. Pour vous donner une idée, écoutez les deux versions de Shinpin, l’une sur Tokyo Black Hole, l’autre sur Muteki, vous verrez. Idem pour ses disques pré Avex, dans lesquels elle montre une facette indie-rock à la Pavement pouvant même pousser l’expérimentation jusqu’à faire du dub, notamment sur Poidoru) mais c’est surtout une compilation qui vous donne l’envie d’explorer. Pas seulement l’univers de Seiko Oomori mais aussi tout ce qui a trait à la musique Japonaise, J Pop ou pas, qui semble être d’une richesse et d’une créativité inépuisables (comme le démontrent Necronomidol, Haru Nemuri, Charisma.Comou Prune Deer, autres références Specific).
Bref, bien joué Specific. Non seulement d’avoir ramené dans votre besace Seiko Oomori, en lui offrant un bien bel écrin par la même occasion (les vinyles sont de toute bôôôôté) mais surtout d’avoir ouvert l’esprit d’une vieille branche percluse de préjugés comme moi qui, hors Midori, Sakamoto et les musiques traditionnelles, traitait la musique populaire Japonaise avec une certaine condescendance. Reste juste à espérer maintenant que, vu le succès s’annonçant, certains de ses disques pourront être réédités. Mais ça, comme le disait le grand poète, c’est une autre histoire.
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Alchemy – Seiko Oomori
Specific Recordings – le 19 avril 2021
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Image bandeau : Montage des images fournies par le service presse