Algiers est un groupe d’Atlanta composé du chanteur et guitariste Franklin James Ficher, du bassiste Ryan Mahan et du guitariste Lee Tesche.
En guise de batterie, les 3 se partagent percussions et programmations. Sur scène, ils sont dorénavant accompagnés par Matt Tong, l’ex batteur de Bloc Party.
Franklin James Fischer étant noir et possédant une voix impressionnante au sein d’un groupe de rock, il est facile de les rapprocher de TV On The Radio. Certes, les groupes ont des points communs, en premier lieu celui de s’affranchir des carcans musicaux et de tenter tout ce qui leur passe dans la tête, mais Algiers plonge ses racines bien plus loin, entrechoque Nina Simone et MC5, Gun Club et Gang Of Four, entre post-punk, blues et Soul.
Après plusieurs singles, c’est enfin l’arrivée de leur premier album, qui vient confirmer toutes les attentes qu’on plaçait en eux, après avoir usé jusqu’à la corde Blood et Black Eunuch, qu’on retrouve ici.
On l’a déjà dit, on est d’abord scotché par la voix sombre et chaude, pleine de soul et de colère de Franklin James Fisher, et ce, dès les premières notes de Remain et surtout dès le remarquable Claudette. La tonalité de l’album est noire, profondément violente et engagée, comme si la fête de l’huma se déroulait dans une église baptiste, la basse groove autour de guitares dissonantes, la voix donne vie à une rythmique robotique, ça pulse, ça remue, ça entrechoque le temps et l’espace…c’est passionnant.
L’impressionnant Blood colle le frisson, effrayant comme du Birthday Party, émouvant comme du Southern Gospel. Old Girl débute, comme un symbole, par un son de cloche et une rythmique électro, avant que le tempo s’accélère pour devenir frénétique et partir dans tous les sens mais sans perdre le fil. Irony Utility Pretext est taillée pour les dance-floors, mais la rage au cœur, les tripes aux bords des lèvres, le poing serré sous la boule à facettes.
But She Was Not Flying et Black Eunuch enfoncent le clou, politiquement et musicalement, entre expérimentation industrielle et racines soul et jazz. Seule la splendide ballade Games, après quelques larsens parasites, laisse tout l’espace aux harmonies vocales et à la douceur avant de repartir de plus belle sur In Parallax.
L’album est un disque de combat, citant les Black Panthers et Afrika Bambaataa, Einsturzende Neubauten et Jean-Paul Sartre. Dans un univers où cynisme et egocentrisme, Algiers souffle comme un vent nouveau, mixant avec talent musique et message.
Algiers, l’album sera disponible le 1er juin chez Matador Records