[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#5B788B »]C'[/mks_dropcap]était le 9 mars, les Français, dans la rue, rivalisaient en bons mots contre la loi El Khomri. Une « after » allait elle aussi mettre le verbe à l’honneur : la Librairie de Paris accueillait, en soirée, le lancement d’une nouvelle maison d’édition, Anamosa. Son heureuse conceptrice, Chloé Pathé, revient sur les intentions de sa création.
Anamosa, késako ?
Chloé Pathé – C’est une maison d’édition de non-fiction qui veut explorer les champs de la société et de l’histoire, avec une ouverture sur le monde et les cultures populaires. Nous voulons montrer les sciences humaines autrement.
Concrètement, que publiez-vous ?
C.P. – Notre catalogue comptera six à dix titres par an, en parallèle de deux revues : l’une parle de musique, l’autre d’histoire de critique et de sciences sociales.
Quels genre d’ouvrages proposez-vous ?
C.P. – Pour démarrer, nous proposons deux ouvrages : La Paix des ménages, histoire des violences conjugales, XIXe-XXe siècle, de Victoria Vanneau, et Le Louvre insolent, de Cécile Baron et François Ferrier.
Le premier est un livre d’histoire qui s’attache à rendre la justice vivante sur la base d’une centaine d’affaires ; le second propose un parcours décomplexé de l’institution muséale.
En mai, on pourra lire Carl Sandburg, l’une des figures majeures du reportage du XXe siècle, à propos des Émeutes raciales de Chicago, juillet 1919.
Il y a déjà beaucoup de livres sur les tables de libraires. Qu’apportez-vous de nouveau ?
C.P. – J’ai passé treize ans aux Editions Autrement, j’ai travaillé dans des structures de taille moyenne, indépendantes et créatives. C’est comme ça que j’ai appris le métier d’éditeur et qu’il m’a plu. Nous sommes certes une petite structure mais je crois beaucoup à la force de la création par le bas, à l’inventivité et au renouvellement que nous pouvons apporter. On a moins de moyens, mais on est plus léger et on peut réagir plus vite. Et comme on n’essaie pas de se positionner par rapport à la concurrence, nos propositions sont en rapport avec ce qui nous semble répondre à des questionnements diffus de ce qu’on sent de la société ou d’un type de lecteurs.
Vous avez des idées de sujets, des envies de traitement ?
C.P. – Oui, et on réfléchit au cas par cas à des manières de construire ou d’aborder, de créer un objet intellectuel, d’écrire, qui peuvent amener un autre regard, tout en gardant un œil attentif sur l’actualité, en France et dans le monde.
Que signifie Anamosa ?
C.-P. – Anamosa en sauk, une langue amérindienne, signifie « tu marches avec moi« . C’est une référence à l’ailleurs, au déplacement. En dehors de son sens, c’est un mot qui dit quelque chose par ses sonorités. On peut y entendre « anamorphose ».
Vous n’êtes pas seule avec vos livres…
C.P. – L’idée est là depuis longtemps mais je crois que je n’étais pas prête. Et puis le temps m’a amené des rencontres. Sébastien Wespizer, ancien de la Librairie Longtemps et du Thé des écrivains officie aujourd’hui pour nous en tant que directeur commercial. Historien, Christophe Granger a le talent de la vulgarisation. Olivier Villepreux, ancien de Libération et de l’Équipe, est conseiller éditorial. Et Monika Jakopetrevska, graphiste, a notamment conçu de nombreux catalogues d’exposition avant d’être directrice artistique d’Anamosa.
Justement, l’esthétique de vos ouvrages, le choix de la qualité de vos papiers constituent un élément fondamental de votre travail…
C.-P. – Quand j’étais chez Autrement, c’était le job d’une directrice de fabrication. Là, c’est moi qui m’en occupe, et le dialogue avec les imprimeurs, leurs conseils, leurs propositions, tout cela est passionnant. Travailler la forme autant que le fond est une des exigences que je me suis fixée : créer un bel objet, et valoriser le travail des imprimeurs.
Vous nous parlez à quelques heures de la soirée de lancement, et alors que les manifestations anti-loi travail grondent…
C.-P. – Bien-sûr, on peut craindre que les gens soient crevés après la manif, et on aurait préféré que tout le monde soit dispo pour se ruer à notre soirée de lancement (rires). Mais en fait, je trouve ça positif que l’événement se déroule aujourd’hui, d’un point de vue symbolique. Les réflexions sur le travail, on les a nécessairement quand on monte une maison d’édition.
C’est important de faire cette soirée dans une librairie ?
C.-P. – Très. On travaille avec les libraires. Et quand la Librairie de Paris a fait savoir qu’elle souhaitait nous recevoir pour cette soirée, on a été ravi.
La suite ?
C.-P. – Comme le dit Sébastien Wespiser, Anamosa est la partie centrale de notre trimaran.
En juin, nous lancerons dans une librairie de Biarritz Δt, un trimestriel sur la musique par ceux qui la font, dont la rédaction en chef sera assurée par Olivier Villepreux.
En septembre, le semestriel Sensibilités, revue scientifique pilotée par les universitaires Quentin Deluermoz, Christophe Granger, Hervé Mazurel et Clémentine Vidal-Naquet, et troisième pièce de notre navire, cherchera à définir une anatomie du charisme.
Les deux premiers ouvrages publiés par Anamosa disponibles en librairie sont :
[mks_tabs nav= »horizontal »]
[mks_col]
[mks_one_half]
Le Louvre insolent de Cécile Baron & François Ferrier.
[/mks_one_half]
[mks_one_half]
La Paix des ménages, Histoire des violences conjugales, XIXe-XXIe siècle de Victoria Vanneau.
[/mks_one_half]
[/mks_col]