[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]S[/mks_dropcap]i l’on fait une rapide recherche sur Chris Dolan, on se rend compte que cet auteur a de nombreuses armes à son arc. Écrivain, scénariste, auteur de théâtre, poète…
Les Éditions Métailié publient en avril, Une femme infréquentable, après avoir proposé La colonie en 2016.
Comparer les deux romans est impossible. La colonie était une sorte de conte, une histoire d’exil et d’art. Ce nouveau roman marque l’entrée fracassante de Chris Dolan dans l’univers du polar. Déjà scénariste de la série Taggart, Dolan situe Une femme infréquentable (Potter’s field, titre original) à Glasgow (comme la série d’ailleurs).
Un Glasgow sombre, loin d’être accueillant avec ses voyous, l’IRA jamais très loin, l’église omniprésente dans la vie des citoyens et des adolescents plus ou moins à l’abandon.
C’est dans ce contexte que nous faisons connaissance avec Maddy Shannon, sa famille et ses collègues de travail. Substitut du procureur, elle se voit confier une affaire pour le moins difficile : la mort de deux adolescents, balle dans la tête et visages mutilés.
Chris Dolan va distiller l’enquête sur près de 350 pages pendant lesquelles il nous présentera plusieurs personnages en plus de Maddy. Il y a d’abord cette ville :
Et la pluie continue de tomber. Conférant au grès la teinte rouge sombre du sang qui coule. Se jetant dans les rivières, coulant doucement vers les collines qui veillent sur Glasgow. Nourrissant le sol, la terre, dans les champs et les jardins, et les parcs au petit matin.
Ville que Maddy et autres policiers sillonnent, à la recherche de la vérité.
Cette femme infréquentable de la traduction, c’est bien sûr Maddy. Fille et petite fille d’immigrés italiens, jeune femme catholique mais entretenant avec l’église des rapports pour le moins tendus, femme célibataire et plutôt détonante dans le milieu judiciaire, elle ne s’en laisse pas compter et outrepasse souvent ses droits, le cadre de son travail pour faire progresser l’enquête des policiers. De rapports amoureux à des échanges via internet jusqu’à un vol d’un propriété d’une suspect, Maddy ne respecte pas spécialement les règles. Nouveau personnage très différent de ceux des polars habituels, Maddy donne envie de la suivre et fait souvent peur. On ne peut que s’attacher à elle et souffrir avec elle, surtout dans les dernières pages, quand la vérité est près d’éclater. Elle fait beaucoup pour la réussite de ce roman noir ainsi que les dialogues courts et ciselés proposés par l’auteur.
Enfin, sans aller trop loin, la résolution de l’intrigue est surprenante. Les événements s’enchaînent dans les 100 dernières pages, laissant le lecteur pantois.
Une très belle réussite !