L’impatience montait pour aller voir Asgeir en concert, mon dernier coup de coeur musical islandais. Dans le format du festival des inrocks, je me suis posée la question de la durée de son set mais son dernier album In the silence, durant 39mn, j’étais prête à entendre tous mes morceaux favoris !
Le concert débute par la diffusion d’un morceau islandais traditionnel, tout juste assez long pour que les premiers sifflets résonnent dans l’impatience de découvrir les musiciens. Un batteur, deux barbus aux machines (dont le frère d’Asgeir), un guitariste, un clavier et Asgeir qui jonglera entre machines, claviers et guitare. Trois morceaux sont joués, c’est beau, c’est propre, mais… Ca manque d’humain, de chair et de sang !
Pour le quatrième morceau, Asgeir commence à pianoter et un de ses comparses barbus l’interpelle. Il revient et se met à la guitare, chacun comprend vite qu’il s’est trompé, son petit sourire pointe et l’atmosphère se réchauffe, oui, ce beau jeune homme à la voix cristalline, mystérieux et réservé est bien un être humain !
Le morceau suivant fait basculer le concert, seul sur scène avec sa guitare, Asgeir nous livre une version épurée, magnifique et troublante de Summer Guest (enfin, il me semble, j’ai toujours été inapte à retenir les titres des chansons).
Une prestation hypnotique s’en suit avec les « tubes » comme Going home qui finira en transe électro ou King of cross, dans une ambiance lumineuse simple rappelant les couleurs des photos des 70’s. Asgeir va équilibrer ses choix d’interprétation entre la langue anglaise (les voix de l’album Dýrð í dauðaþögn ont toutes été réenregistrées pour la sortie de l’album en anglais) et la langue islandaise, abrupte et rocailleuse (les paroles sont écrites par son père de 72 ans). Le son des machines et clavier est puissant, électronique mais, comme le décrivait si bien Björk dans un documentaire lui étant consacré, si organique. Les musiciens islandais ont cette capacité à intégrer des machines rugueuses au milieu d’instruments acoustiques, à l’image de l’ambivalence de leur pays, si peu peuplé, si nature mais le plus connecté de la planète !
Certains, découvrant l’artiste, n’auront peut-être pas pu rentrer dans le set, trouvant la prestation manquant de contact avec le public, mais j’ai été parmi ceux qui ont assisté à un très beau moment, un volcan qui a sommeillé, a grondé, a explosé. Le jeune homme de 22 ans a vécu sur un morceau de terre dans un village de quelques dizaines d’habitants et se retrouve à sillonner la planète. Le spectateur se doit de faire l’effort d’entrer dans son univers réservé, intimiste, mystérieux mais aussi tumultueux et sensible !
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