[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#1963a8″]C[/mks_dropcap]et ouvrage d’Arnaud Maïsetti, paru aux Éditions de Minuit, peut être lu par tous : ceux qui connaissent l’œuvre de Bernard-Marie Koltès et ceux qui souhaitent la découvrir. Car il s’agit surtout d’un texte littéraire sur un homme qui écrivit pour le théâtre. Un vaste travail qui décortique le mécanisme d’écriture de Koltès et tente de comprendre, à chaque étape de sa vie, de savoir quel en était le moteur. Sur plus de 340 pages, Arnaud Maïsetti dresse donc un portrait mais, au-delà de la figure du dramaturge, tisse un texte ayant sa propre dynamique.
De la découverte de Maria Casarès à la publication d’un roman aux Éditions de Minuit, de l’écriture de la première pièce Les amertumes pour le Théâtre du quai (compagnie créée par Koltès) à la mise en scène par Patrice Chéreau de Combat de nègre et de chiens, toutes les étapes sont minutieusement décrites par Arnaud Maïsetti. Mais on ne peut résumer ce travail à une simple biographie. L’auteur a amassé tant de matériaux (lectures, entretiens, visionnages) pour réaliser cet ouvrage que Koltès devient le personnage d’une grande fresque sur la relation d’un homme à l’écriture.
Cette écriture devient, au fur et à mesure, l’élément central de la vie de Bernard-Marie Koltès. Jaillissant presque toujours au cours d’un voyage, elle l’éloigne du théâtre dont il dira d’ailleurs qu’il ne le fréquente qu’une à trois fois par an. Koltès avait commencé par une écriture de plateau pour finalement s’en échapper. Arnaud Maïsetti explique bien ce basculement mais rend aussi plus concret ce qui animait l’écrivain, mort à 41 ans dans les années sombres du sida.
Dans une prose limpide et lumineuse, ce livre échappe à tout ce qui pourrait le catégoriser, invitant chacun à ne pas déterminer à l’avance le rayon de la bibliothèque dans lequel le placer. Jamais loin en tout cas des livres de Koltès déjà présents ou à acquérir…