[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]B[/mks_dropcap]eaucoup de choses se sont passées dans la vie de Bill Callahan depuis la sortie de Dream River, son précédent album, il y a six ans déjà. L’homme âgé aujourd’hui de cinquante-trois ans s’est marié avec la documentariste Hanly Banks, est devenu père pour la première fois et a perdu sa mère, décédée d’un cancer en 2018.
Après avoir sillonné les routes afin de défendre Dream River sur scène, il s’est attelé presque exclusivement à s’occuper de son cercle familial. Six années qui, pour ses fans, ont semblé durer une éternité. Shepherd In A Sheepskin Vest met donc fin à ce silence assourdissant.
Vingt chansons composent cette somme qui dure plus d’une heure ou Bill Callahan y projette de manière philosophique – ses textes y sont toujours cependant très abstraits – sa vie de père et d’époux. Rarement l’on a senti cet homme aussi ouvert.
Lorsque l’on se remémore les années Smog, on avait surtout l’image de quelqu’un de très renfermé sur lui-même, vivant dans un monde parallèle ou se perdait également des gens comme Mark Kozelek, pour ne citer qu’un contemporain, autre observateur malheureusement devenu entre temps terriblement autocentré et atrabilaire. Le berger dans un gilet en peau de mouton se veut lui relativement accueillant.
L’album est essentiellement acoustique. Les guitares aériennes qui meublaient admirablement les derniers albums ont disparu comme par magie. Les chansons sont presque totalement dépouillées, invitant l’auditeur à une écoute rustique là où il lui plaira, tant devant l’âtre de la cheminée que sur une chaise à bascule reposant sur un balcon. Chacun son propre film.
Certes, d’autres instruments que la guitare acoustique habillent des chansons qui oscillent entre Folk et Country moderne et qui dessinent des paysages évoquant les grands espaces américains, comme la Pedal Steel, les percussions légères ou encore de discrets synthés.
Ecouter Shepherd In A Sheepskin Vest, c’est aussi comme entrer dans un conte un peu fantasmagorique. Il y a l’histoire que raconte la musique, mais aussi une certaine implication qui demande un maximum de concentration afin d’en optimiser l’écoute, écoute qui se révèle de prime abord assez difficile. Parce que le disque est assez monocorde, il vaut mieux privilégier l’écoute exclusive et oublier, dans un premier temps, toute tâche annexe qui risquerait de vous faire perdre le fil.
Shepherd In A Sheepskin Vest n’est sans doute pas le plus flamboyant des albums de Bill Callahan, il n’en reste pas moins fascinant.
Bill Callahan, Shepherd In A Sheepskin Vest
chez Drag City depuis le 14 juin.