[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#a57fc7″]J[/mks_dropcap]’ai toujours eu un faible pour les groupes qui ont de bonnes têtes de copains, fringués comme tout le monde et personne, capables de te faire rire et parfois un peu pleurer, sans essayer de réinventer l’eau chaude, mais incapables de te pondre une mauvaise chanson.
C’est donc avec plaisir que j’accueille le retour de Born Ruffians, excellent trio canadien et leur nouveau disque Uncle, Duke & The Chief, soit le surnom de leurs 3 papas respectifs, des papas sûrement très fiers de leurs rejetons !
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#a57fc7″]M[/mks_dropcap]ine de rien, cela fait bientôt 10 ans qu’on les suit et qu’il nous semble déjà loin le temps du Little Garçon des débuts, géniale chanson de leur tout premier disque Red Yellow & Blue.
Originaire de Midland, dorénavant installé à Toronto, le groupe Born Ruffians se forme en 2004, sort son premier EP en 2006, avant l’album sus-cité en 2008, étonnamment sorti chez Warp, leur indie rock ayant peu de choses à voir avec le tout venant électro du label de Sheffield.
Pour faire le malin, on pourrait dire que Born Ruffians est un trio… de quatre musiciens, tant Andy Lloyd et ses synthés font régulièrement partie de l’aventure. Néanmoins, le groupe se construit d’abord et avant tout autour du chanteur guitariste Luke Lalonde, également acteur avec sa tête d’ado perpétuel dans Sundowners de Pavan Moondi sorti l’année dernière, le bassiste Mitch Derosier et le batteur Steve Hamelin.
Ce dernier fait son grand retour, un retour qui fait du bien, après avoir quitté le groupe pendant trois ans pour enseigner et se dire que batteur dans un groupe de rock, c’est quand même plus fun.
Après leur premier album qui fit sensation, le groupe déroule les albums à un rythme régulier, gardant toujours ce style potache et mélodique, que ce soit sur Say It, Birthmarks puis Ruff en 2015, un poil décevant, l’absence de Steve Hamelin y étant sans doute pour quelque chose.
Les revoilà donc avec Uncle, Duke & The Chief, un chouette retour qui nous les renvoie avec joie à leur fantastique Red, Yellow & Blue.
Poser le disque sur la platine, c’est comme mater The Big Lebowski des frères Coen pour la millième fois. Une douce allégresse vous envahit rapidement, la vie est tellement absurde qu’elle en devient belle.
Il en est de même avec Uncle, Duke & The Chief. Forget Me évoque le décès de Bowie, Side Tracked une rupture amoureuse et Spread The Thin la maladie d’un parent proche. Pourtant le disque, porté par l’excellente production du grand Richard Swift, dégage une énergie communicative, qui vous donne envie de taper dans les mains et chanter à tue-tête pour accompagner la voix chaudement nasillarde de Luke Lalonde.
Born Ruffians retrouve la fraicheur de ses débuts, se fait plus folk sur l’excellent Forget Me en ouverture ou l’élégiaque Working Together pour finir.
Entre les deux, c’est une ballade dans les 60’s que nous propose Born Ruffians, lorsque le monde semblait plus facile et que les garçons de plage étaient au sommet de la vague (grandiose Fade To Black), pouvaient faire les marioles (Tricky) et que les histoires d’amour étaient toutes simples et tristes (Miss You ou Love Too Soon).
L’album est joyeux, chaud, émouvant et bien plus subtil qu’il n’y paraît, démontrant que Born Ruffians a ce talent de composer de toutes simples et jolies chansons indie rock qu’ils couvrent avec amour de quelques couleurs psychédéliques, folk voire soul.
Born Ruffians sera en concert le 4 juin à Roubaix (La Cave Aux Poètes) et le 5 juin à Paris (Le Badaboum).