Retour en bref sur une sélection d’albums sortis ces dernières semaines.
Blonde Redhead – Masculin Féminin
S’il y a un groupe qui aura connu une double vie, c’est bien Blonde Redhead. Une première époque où le trio était quatuor, pensionnaire de l’écurie Smells Like Records, label de Steve Shelley (par ailleurs batteur émérite chez les Sonic Youth). Deux albums virent le jour en 1994 puis 1995, l’éponyme Blonde Redhead puis le saisissant La Mia Vita Violenta. Le coffret Masculin Féminin qui nous est proposé, plus de vingt ans écoulés, retrace cette période en ajoutant à la doublette un paquet de raretés, démos ou captations radios issues de ce premier cycle discographique. Au total 37 titres mettant en exergue une genèse « bruitiste » non dénuée de charme même si celle-ci tranche totalement avec les productions post 2000 du groupe (après l’album charnière Melody of Certain Damaged Lemons). Doux euphémisme que de dire que la suite de leur discographie sera moins noisy et plus mélodique. Il n’empêche que cette réédition amplifiée et mise en boîte avec amour par Numero Group aura de quoi rassasier les adeptes du genre et peut-être même ceux qui voudront creuser plus loin afin de défricher les racines sonores d’un groupe ô combien attachant… Un must pour les collectionneurs et autres doux dingues de l’agitation new-yorkaise au plein cœur des nostalgiques 90’s !
4LP ou 2CD boxset à la vente depuis le 30/09/2016
Ivlo Dark
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Emma Ruth Rundle – Marked for Death
Some Heavy Oceans, le premier album solo de Emma Ruth Rundle, m’avait totalement chaviré. Une voix déchirante murmurant des textes sombres, de sublimes guitares et des drums comme des battements de cœur… Une folk à fleur de peau, entre goth music, dream pop et post-rock, qui vous donnait des frissons. Avec Marked for Death, l’artiste californienne revient à ses (mes) premières amours. Elle avait en effet expérimenté entre ces deux albums un projet centré autour de la guitare électrique, Electric Guitar:One. C’était ambitieux, noir, profond mais difficilement accessible, car dénué de chant. Dans ce troisième opus, l’on retrouve – enfin – sa magnifique voix (qui sert aussi les groupes Marriages, Red Sparowes et The Nocturnes). Les arrangements oscillent entre orages métalliques et douces accalmies, avec l’apparition du violoncelle dans Marked for Death et Medusa. Si les guitares très saturées de Protection et Real Big Sky évoquent Chelsea Wolfe, on trouve un So Come qu’ aurait pu écrire PJ Harvey période Dry, ainsi qu’un Furious Angel qui s’apparente au meilleur des Cranberries (la voix d’Emma rappelant d’ailleurs celle de Dolores O’Riordan.) Les mélancoliques Heaven et Hand of God viennent ajouter à la beauté crépusculaire de l’ensemble.
Marked for Death est disponible depuis octobre 2016 chez Sargent House.
Camille Locatelli
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Purling Hiss – High Bias
Issu du creuset garage psychédélique US au même titre que Ty Segall et Thee Oh Sees, le groupe de Mike Polizze sort son sixième album en huit ans. Autant dire qu’il concurrence sans problème les susnommés en matière de stakhanovisme. High Bias offre la dose attendue de guitares saturées sur une majorité de titres, virils mais corrects. L’attaque fuzz passe toujours mieux accompagnée par un cheval de Troie mélodique, comme le rappellent l’introductif Fever (rien à voir avec celle de Peggy Lee) ou Pulsations aux accents Dead Kennedys.
L’autre cheval (de bataille cette fois) du disque est le post-punk britannique du début des années 80(3000 AD, dont l’ intro reprend de manière étonnante celle de Up the Down Escalator des Chameleons, et Teddy’s Servo Motors, particulièrement réussis). Mais Purling Hiss rappelle aussi the Warlocks sur Get your Way, joue un Ostinato Musik avec un « k » comme dans « motorik » et sort du brouillard pour une pop song étonnante, avec guitare acoustique et chœurs faisant « Pa pa paouh » (Follow You Around). Alors, ils ont acquis le droit de terminer l’album par six minutes de bonne vieille saturation, ils sont pardonnés.
High Bias est sorti le 14 octobre 2016 sur Drag City.
Jean-Baptiste
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Sleaford Mods – TCR
L’ascension des Sleaford Mods semble incontrôlable. Après avoir été quasi-ignorés pour leurs six premiers albums, leur cote a gentiment décollé en Angleterre en 2014 avec “Divide and Exit”. Si leurs chansons minimalistes en forme de coup de pied dans le cul semblaient révolutionnaires par rapport à la scène de l’époque, le groupe ne faisait pourtant que continuer son évolution en pente douce. Les beats d’Andrew Fearn évoluent en douceur depuis son arrivée dans le groupe en 2012 et les textes de Jason Williamson s’adaptent à l’évolution de son environnement social et politique. Il n’y a jamais eu de grosse remise en question au niveau du son et du concept.
La reconnaissance en France n’arrivera que plus tardivement, en 2015 avec l’album “Key Markets”. Le groupe joue désormais en tête d’affiche à la Villette Sonique et attire aussi bien les vieux punks carburant à la Valstar que les gamins de 18 ans en panoplie d’habitant de Brooklyn circa 2011 : chemise de bûcheron et barbe jusqu’au nombril. Les Sleaford Mods, depuis quelques temps, c’est devenu trop frais. A noter tout de même que pendant presque toute cette période le groupe s’est développé en famille et en indépendant, sortant leurs disques sur la maison de disque de leur manager. Aujourd’ hui, ils ont quitté leurs jobs alimentaires et ont signé chez Rough Trade. Toutes les raisons sont réunies pour que les puristes crient au scandale et déclament du “c’était mieux avant”.
Et pourtant, pas du tout. La première livraison pour le légendaire label londonien est d’excellente facture. Elle apparaît comme un résumé de ces dernières années avec titres accrocheurs et d’autres plus sombres. On sent que le groupe se refuse au compromis. “TCR”, le morceau titre résume à lui seul la force du groupe. Un beat répétitif mais addictif comme seul Andrew en a le secret et un Jason à la verve, certes moins rageuse vocalement, mais au verbe toujours aussi acéré. Un tube en puissance, comme nous en avons viscéralement besoin pour bousculer la morosité ambiante. Mais un tube qui se ferme beaucoup de portes en passages radio et télé pour cause d’ “Explicit Lyrics”. Intégrité quand tu nous tiens… La meilleure surprise du E.P. reste “I Can Tell” et son rythme synthétique crasseux. Jason s’y risque même à des intonations ragga. Pourquoi ne pas avoir gardé ce titre pour un futur single restera un mystère. Sur ces deux chansons, la production est léchée, les influences lorgnent vers le début des 80’s avec synthé, guitare et batterie qui dominent. On retrouve un Sleaford Mods plus sombre et expérimental sur les trois titres suivants. De quoi rassurer les fans hardcore du groupe. Cet EP a beau sonner comme une transition pour le groupe, une sorte de condensé de ce qu’ils étaient et de ce qu’ils peuvent devenir, on se met à rêver d’un prochain album bourré d’hymnes comme “TCR” et “I Can Tell”. Tout simplement pour que le monde entier réalise enfin que Sleaford Mods est l’un des groupes les plus fascinants et passionnants de ces dernières années. Sur disque comme sur scène.
« TCR » est sorti le 14 octobre chez Rough Trade
David Jégou
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Joan As Police Woman & Benjamin Lazar Davis – Let It Be You
On connait déjà depuis quelques années Joan Wasser sous son nom de plume Joan As Police Woman, tout d’abord en accompagnant Lou Reed, Nick Cave ou encore Lloyd Cole, entre autres, mais surtout en solo pour quatre albums, dont le splendide Real Life sur lesquels sa voix chaude et profonde fait des merveilles sur des titres entre chamber pop et soul.
Quant à Benjamin Lazar Davis, ce multi-instrumentiste a œuvré auprès de Luke Temple ou Okkervil River. Ensemble, les deux new-yorkais nous proposent Let It Be You, soit dix titres délicieux aux rythmes syncopés marqués par des influences africaines, terre de rencontre des deux artistes. De Broke Me In Two à Station, l’alchimie voix-guitares soutenue par une rythmique remarquable dégage un charme irrésistible et procure de très agréables moments.
Let It Be You est disponible chez Reveal Records/Bertus depuis le 21 octobre, Joan As Police Woman et Benjamin Lazar seront en concert au Flow à Paris, le 1er décembre.
Beachboy
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