Retour en bref sur une sélection d’albums sortis ces dernières semaines.
Robin Foster – The Hardest Party
Les fins d’années sont toujours un peu les mêmes. Les uns font le bilan du millésime qui s’achève, les autres préparent le futur. Dans les bacs c’est la ruée sur des rééditions mais pas grand chose de très neuf à se coller sous le palais. De son côté, Robin Foster continue son petit bonhomme de chemin solo (toujours bien accompagné). A l’exception de side-projects et quelques bandes originales de film, c’est un successeur au merveilleux PenInsular qui est attendu. Pour nous faire patienter, le musicien nous propose un EP de 5 titres, paru depuis le 18 Novembre 2016 chez Upton Park Publishing. Un inédit donnant son nom à la courte œuvre et chanté par Pamela Hute. Le titre est frais, agréable à l’oreille, avec juste une petite montée finale qui permet de donner du cachet à une belle efficacité pop-rock. Le remix sur la piste 4 n’apporte pas grand chose de plus mais à toutefois le mérite d’exister. L’ex guitariste de Beth, expatrié à la pointe du Finistère depuis presque 20 ans, nous offre également deux reprises : l’intouchable Waiting For The Man dans une version respectueuse mais sans réelle valeur ajoutée, l’autre cover étant Running Up That Hill traité via une humeur atmosphérique étrange sur laquelle vient se nicher un chant murmuré en langue bretonne. L’intérêt de cet EP provient de la sensation de familiarité entre des morceaux aussi différents les uns des autres. Pas de ligne conductrice particulière, juste le plaisir ressenti de jouer de la musique et de la délivrer à celles et ceux qui voudront bien y jeter une oreille (et pourquoi pas les deux). Pour ma part, c’est surtout avec la rythmique folle de l’instrumental Vadorlust que je sens poindre le plaisir à venir du 4ème album studio (intitulé Empyrean). Fort possible que l’on en reparle en Février !
Ivlo Dark
[mks_button size= »medium » title= »Écouter » style= »squared » url= »https://www.youtube.com/watch?v=MsOuVdxDsnU » target= »_blank » bg_color= »#f5d100″ txt_color= »#FFFFFF » icon= »fa-music » icon_type= »fa »]
The Shacks – The Shacks EP
D’aucuns seront certainement troublés en entendant d’entrée de jeu, dès les premières secondes du disque, la nymphette Shannon Wise, 18 ans, leur sussurer « You’ve got a strange effect on me, and I like it ». C’est en fait Shannon qui nous fait un drôle d’effet pendant la petite demi-heure que dure cet EP, Extended Play tellement extended qu’on pourrait le qualifier d’album, et il se pourrait bien qu’on aime ça nous aussi. Modulant sa voix du plus (No surprise) au moins (Strange Effect) timbré, elle balaye un large spectre de chanteuses nobles, de Charlotte Gainsbourg à Hope Sandoval en passant par Isobel Campbell, avec en plus un délicieux côté mutin.
Derrière elle, Max Shragger, deux ans de plus seulement mais déjà un renard des studios, agence des chansons malignes et attachantes qui puisent leur source dans les années 50 et 60 – cet anachronisme charmant se ressent fortement dans les chœurs. C’est la lo-fidelity qui domine, pas de surproduction, et le bougre est un sacré songwriter en mesure d’offrir des Audrey Hepburn ou Strange Boy moins simples qu’ils n’en ont l’air. Sérénade latino au clair de lune (qui se souvient de There’s No More Corn On The Brasos des bataves The Walkers en 1971 ?), slow avec saxo sur le pont, pop song romantique coiffée de cordes, reggae vaguement léthargique : un vrai courant d’air frais circule dans ces cabanes-là.
The Shacks EP est disponible depuis le 28 octobre 2016 chez Big Crown Records
Jean-Baptiste
[mks_button size= »medium » title= »Écouter » style= »squared » url= »https://www.youtube.com/watch?v=v7OCVkxAwV0″ target= »_blank » bg_color= »#f5d100″ txt_color= »#FFFFFF » icon= »fa-music » icon_type= »fa »]
Blondino – Jamais sans la nuit
Bleu est un extrait du premier album de Blondino à venir, Jamais sans la nuit. Ballade hypnotisante sur fond Klein, elle parle d’une histoire d’amour douce-amère joliment métaphorique. Les mots s’entrechoquent dans de belles assonances, adoucis par des nappes sensuelles de synthé qui se superposent à la guitare acoustique et aux beats électroniques. La voix grave apporte une profondeur à cet univers mélancolique qui demeure cependant lumineux. Avec ce magnifique morceau, Blondino ouvre de nouveaux horizons à la chanson française.
Jamais sans la nuit sortira le 24 février 2017 chez Un Plan Simple et Tomboy Lab.
Camille Locatelli
[mks_button size= »medium » title= »Écouter » style= »squared » url= »https://www.youtube.com/watch?v=cXoVLrJ4EGE » target= »_blank » bg_color= »#f5d100″ txt_color= »#FFFFFF » icon= »fa-music » icon_type= »fa »]
The Colorist & Emiliana Torrini – S/T
Hier soir, j’étais avec la divine Emiliana Torrini. Le feu de la cheminée crépitait… Une coupe de champagne à la main… Nos yeux ivres de bonheur… Jusqu’au moment où mon réveil sonna pour me rappeler que, non seulement ma charmante épouse n’allait pas apprécier la lecture de cette brève, mais qu’en outre, il fallait que je me hâte pour vous causer de cette parenthèse lumineuse coincée quelque part entre la compilation, le live et le « remix ».
En fait, ce beau projet se présente sous la forme d’un recueil de pièces plus ou moins connues de la plus italienne des islandaises (ce mélange des genres expliquant l’objet de mes fantasmes). Des interprétations revues et corrigées avec inventivité par le duo belge The Colorist. Des versions plus acoustiques qui ne frisent pas pour autant le remplissage un peu désuet que l’on pourrait retrouver ailleurs. Ici, les arrangements sont plus que pensés. Cette collaboration redonnant surtout une lecture intime des choses. A titre personnel, j’ai tout de même ressenti un résultat plus remarquable sur les titres « doux » de la chanteuse.
Au compteur, c’est neuf titres dont un inédit When We Dance pour le moins pétillant. Un disque que je vous recommande vivement pour son audace et sa sincérité. Quant à moi, je vais replonger fissa dans mes rêves interdits. Album sorti chez Rough Trade Records depuis le 6 Décembre 2016.
Ivlo Dark
[mks_button size= »medium » title= »Écouter » style= »squared » url= »https://www.youtube.com/watch?v=WfVrdOp2Btw » target= »_blank » bg_color= »#f5d100″ txt_color= »#FFFFFF » icon= »fa-music » icon_type= »fa »]
Team Ghost – Team Ghost
J’aurais pu vous préciser que Nicolas Fromageau est l’un des fondateurs de M83, vous dire que la musique du troisième album (éponyme) de Team Ghost me semble plus dans la stricte filiation des premières productions du projet pris à bout de bras (depuis 2004) par le seul homme resté à bord du navire, vous dire que je n’ai pas été ému par l’étrange babillage d’Anthony Gonzalez au sein d’un album pour le moins clivant et défendu ICI par l’un de mes éminents camarades. Oui, j’aurais pu mettre en parallèle deux conceptions de l’évolution (la régression face à l’explosion) et n’aboutir qu’à la conclusion évidente que le disque sorti le 2 Décembre 2016 chez Grand Musique Management me touchait bien plus. Ultime plaisir d’un millésime qui s’achève donc sous les coups de boutoir de nappes synthétiques herculéennes. Certes, le penchant électronique y est de taille mais le groupe n’oublie pas de déverser dans son œuvre cette sève rock qui lui confère un aspect plus adulte. Le mixage est parfait et l’on peut se surprendre à être scotché au sol par une composition aussi redoutable que This Elegy alors que tout dans cette invitation tend à nous propulser au-delà de la stratosphère. Il n’y aura pourtant aucune frustration malgré quelques robotisations vocales qui, devant ce décor cosmique, se justifient pleinement. Bref, un album d’une intensité finalement assez rare (cf l’humeur sombre et épique de We Are War). Le reste n’est, une fois encore, qu’une futile histoire de goûts.
Ivlo Dark
[mks_button size= »medium » title= »Écouter » style= »squared » url= »https://www.youtube.com/watch?v=moJDxTCKK_c » target= »_blank » bg_color= »#f5d100″ txt_color= »#FFFFFF » icon= »fa-music » icon_type= »fa »]