Un brillant secret, un delta mystique, des gars dans les lys, des lunes étrangères, et un genre d’histoire sans fin… voilà de quoi retenir notre attention. Sélection !
Secret Shine – There Is Only Now
Pas une journée sans qu’un groupe des très prolifiques années 90 ne refassent surface. Si on ne s’étonne guère du retour des poids lourds de l’époque, Ride et Slowdive en tête de liste, l’annonce d’un quatrième album pour Secret Shine, combo bristolien est beaucoup plus surprenante.
On les avait en effet un peu oubliés malgré l’excellence d’Untouched, leur premier disque paru en 1990 sur le mythique Sarah Records, petit bijou shoegaze-dream pop. Celui-ci resta sans suite avant un retour en 2008 pour 2 albums passés hélas inaperçus.
There Is Only Now est donc leur nouvel effort, et c’est ma foi une fort belle surprise : le groupe ne semble pas avoir changé d’un iota et nous délivre un shoegaze de fort belle facture, toutes guitares en avant, pédales d’effet en surchauffe.
Secret Shine sait également toujours composer de magnifiques mélodies, à l’instar des splendides For You ou Things I Said, sur lesquelles l’émotion l’emporte sur le style. Indispensable pour les amateurs du genre !
There Is Only Now est disponible depuis le 17 mars chez Saint Marie Records.
Beachboy
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Thomas Monica – Delta.Mystique
Thomas Monica a été repéré par Matthieu Chedid, d’où peut-être cette facilité à le comparer au rockeur. Textes en français et mélodies qui claquent, il a pourtant sa propre touche, apportée par des influences bien plus vastes et inattendues, telles que Björk ou Rachmaninov.
D’abord guitariste pour d’autres artistes, il vient de sortir son second EP, intitulé Delta.Mystique. Sur des sentiers pop et rock, Thomas nous promène entre mots aériens et rythmes cadencés.
Au-delà ouvre les cinq morceaux par quatre notes de guitare électrique redoutablement efficaces, évoquant parfois Arcade Fire, et s’envolant, à 1’35, dans des contrées presque classiques.
La mort dans Au-delà, l’enfance dans Perséphone et Impertinent, l’amour dans Le mépris (référence à Godard ?), il aborde la vie avec un champs lexical toujours très lié au cosmos, particulièrement dans Oiseaux de paradis qui achève l’EP.
Delta.Mystique est disponible depuis novembre 2016 , pour tous ceux qui chercheraient un peu d’infini…
Camille Locatelli
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Boys in Lilies – Take No Dance
Le duo français (et féminin s’il-vous-plaît) Boys in Lilies, c’est une électro-pop douce et dansante aux influences 90’s.
Voix mutines sur vagues de synthés, leur EP Take No Dance séduit dès les premières notes et nous ramène au temps des tops dessus de nombril et vestes fluo. Les mélodies acidulées ont pourtant un arrière-goût de mélancolie, celui des histoires d’amour qui finissent mal. Échos de réverb’, ostinatos entêtants et chant éthéré rendent les six morceaux addictifs.
Ça démarre avec Hold You qui aurait presque des allures r’n’besques (tout comme I Think I Heart You, le n°5), puis Burning Ghosts emboîte le pas sous ses airs synth pop minimal et groovy. Tandis que l’éponyme Take No Dance se fait plus sombre, Boy arrive plein de fraîcheur avec ses interludes électroniques so eighties. Airport vient terminer le voyage par sa tendresse et ses envolées rêveuses. « Say goodbye to the plane and stay here waiting for us », disent-elles.
Ne vous inquiétez pas les filles, moi je vous attends !
Take No Dance, sorti chez Ökoton en 2016.
Camille Locatelli
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Ropoporose – Kernel, Foreign Moons
Ropoporose, jeune duo de Vendôme, composé de Pauline Benard et son grand frère Romain, nous propose Kernel, Foreign Moons, deux ans après leur épatant Elephant Love.
Notre chroniqueur Jism était tombé sous leur charme il y a quelques mois après les avoir croisés sur scène en première partie de Mansfield Tya, et ce nouveau disque confirme tout le bien que l’on pense des ces deux drôles d’oiseaux, et les place très très haut dans le rock indé à la française.
Produit par Thomas Poli, guitariste chez Dominique A ou Laetitia Sheriff, Kernel, Foreign Moons épate par sa fougue et sa liberté, passant sans sourciller de giclées soniques à des moments plus doux, quelque part entre Sonic Youth et Blonde Redhead.
Pauline nous charme de sa voix enfantine et intense, Romain nous bluffe par sa rythmique et son inventivité, le disque dévoile peu à peu sa richesse et sa complexité malgré un petit côté foutraque de premier abord. Sur leur Bandcamp, ils nous remercient d’aimer leur disque, il est tellement bon que le contraire n’est même pas imaginable !
Kernel, Foreign Moons depuis le 17 février chez Yotanka Records.
Beachboy
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Tale Of Us – Endless
Le nouvel album du duo de la scène berlinoise Tale Of Us est sorti le 31 mars, mais surprise : c’est sur Deutsche Grammophon, le label historique de musique classique que le groupe sort cet opus. Pour les fans des dancefloors, soyez avertis, rien à voir par exemple avec la prestation live que j’avais eu la chance de voir lors du Pitchfork Festival à la Villette en octobre dernier.
Endless est un élégant mélange de musique classique, d’ambient et de musique de film.
Endless s’ouvre très progressivement sur Definizione Dell Impossibile, introduction à l’atmosphère quasi lithurgique où un beat donné par le xylophone suivi de cordes nous amène sur Alla Sera, un des morceaux sur lequel j’accroche le plus spontanément ; le piano, tel des perles de pluie, vient s’échouer sur un rythme hypnotique lorgnant du côté poétique d’Apparat, pour finir comme aspiré dans une dimension abyssale.
Ricordi revient dans une séquence d’accords elliptiques, plus lumineux, on retrouve comme une sensation de remonter à la surface. Oltre La Vita poursuit la lente ascension vers l’apaisement, minéral, aquatique, et restant, malgré tout, quelque peu étouffant avec les notes de piano qui éclatent de façon sporadique.
On ne sait toujours pas vers quoi on se dirige, la lumière ou l’obscurité… le chemin est trouble, comme une eau qu’on dissipe après l’avoir remuée, des bouillonnements internes se font sentir, quelque chose semble remonter. Les premières lueurs de Dilemma font penser à un film de genre des années 70, inquiétant, dissonant, un peu triste aussi, et qui m’a direct fait penser au thème Halloween de Carpenter, mais qui serait joué beaucoup plus lentement.
Il est évident que le disque ferait une parfaite musique de films, un thriller, on a vraiment le sentiment d’être dans l’attente de quelque chose qui n’arrive jamais, et, paradoxalement, on a la sensation de voyager dans une galaxie sans images ce que confirme Notte Senza Fine. Destino nous plonge littéralement dans une ambiance confortable et sereine, là ça me fait carrément penser au nappes sonores qu’il y a en fond sur les séances d’auto-hypnose que j’écoute. On glisse peu à peu avec Distante dans une réalité vaporeuse, et sur Venatori, on retrouve la langueur du trip-hop de Massive Attack. Enfin Quello que resta nous laisse au bord du monde, sans réponses mais nimbés d’émerveillement.
Typiquement le genre d’albums qui peut réunir à la fois les connaisseurs de musique classique qui prennent le temps d’écouter un disque de bout en bout, et l’invétéré fêtard qui pourra se poser pour redescendre de sa soirée. La durée des morceaux oscillants entre 6 et 11 mn, il faut au moins l’écouter une première fois dans son entier pour en ressentir ses effets bénéfiques.
C’est très beau, un brin triste il faut l’avouer, et pourtant on en ressort comme apaisé.
Tale Of Us, Endless depuis le 31 mars chez Deutsche Grammophon.
Johann
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