The Terminals – Antiseptic
Tous les ans, c’est la même chose et j’espère bien que cela va durer encore longtemps. A chaque bilan, je me dois de glisser un ou deux disques en provenance de Nouvelle-Zélande, pays, où semble-t-il, chaque musicien a de l’or dans les doigts. je vous avais déjà évoqué les merveilleux Bats, il sera donc bien accompagné par Antiseptic, le nouvel album de The Terminals.
Avec le groupe de Steven Cogle et de l’immense batteur Peter Stapleton (Pin Group, Dadamah), c’est par le versant abrupte que nous accédons au génie mélodique de la musique néo-zélandaise, sur lequel la nonne volante se fait violentée à coups de larsens et noyée dans un déluge sonore.
Sombres et intenses, les chansons de The Terminals sur ce sixième album, 10 ans après Last Days Of The Sun, près de 3 décennies après l’indispensable Uncoffined, fascinent et magnétisent, comme si chaque morceau devait être le dernier. The Terminals percutent l’intensité d’un Yo La Tengo sous tension à la jeunesse sauvage de Nick Cave.
Antiseptic est d’une beauté sauvage, effrayante et radicale. L’album est disponible depuis le 19 mai chez Ba Da Bing Records.
Beachboy
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Jay-Jay Johanson – Bury The Hatchet
Enterrer la hache de guerre. Comme s’il y avait eu un quelconque conflit… Sans doute intérieur ? En tous les cas, Jay-Jay Johanson est ressorti de ses saveurs opiacées pour nous convier à quelques aventures éternellement distinguées entre le spleen et l’idéal. Un nouvel album qui marque, chez le sympathique crooner suédois, quelques subtils renouvellements dans la manière d’approcher le songwriting.
A l’image d’une couverture laissant supputer une grande place laissée à l’invention de Bartelolomeo Cristofori, Bury The Hatchet se découvre au gré d’un piano aux humeurs éparses. Passant aussi aisément de sonorités pop saupoudrées d’arrangements électroniques qu’à quelques illustrations instrumentales sobrement ravissantes (The Girl With The Sun In Her Eyes – An Empty Room).
Le fan retrouvera les habituelles mélopées délicieuses (From Major To Minor) comme le swing impeccable derrière la sempiternelle thématique de rupture (You’ll Miss Me When I’m Gone). Le timbre du chanteur est toujours aussi attachant et des titres tels Paranoid semblent déjà figés dans les incontournables aisances justifiant notre respect le plus profond.
Cerise sur la tranche de pudding avec le beau duo Rainbow, exécuté en compagnie de Lucy Belle Guthrie dont la filiation, à la fois génétique et artistique, nous renvoie aux heures glorieuses des illustres Cocteau Twins.
Les nouveaux éléments intelligemment emboités symbolisent un désir manifeste de faire scintiller une palette de mille couleurs qui n’occulterait pas les nuances blanches et noires. Un contraste semblable aux touches du clavier sur lequel l’artiste laisse glisser ses doigts.
Un disque de Jay-Jay Johanson n’est jamais fade, jamais dépourvu d’incalculables références. Le dernier en date n’échappe pas à la règle.
Le onzième LP est disponible depuis le 15 Septembre chez 29Music
Ivlo Dark
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Joel Henry Little – Great Kills Friendship Club
L’américain Joel Little Henry, avec l’aide de Microcultures, sort avec Great Kills Fiendship Club un premier album qui, s’il ne fera pas un carton dans chaque foyer, devrait néanmoins l’asseoir au panthéon des petits génies pop à l’ambition démesurée. Quelque part, pas loin d’un Neil Hannon, d’un Antony ou d’un Brian Wilson, Joel Henry Little, du haut de ses 19 printemps, façonne ses disques à l’ancienne, nous renvoyant dans une lointaine époque, celle du folk progressif d’un Roy Harper (dans ses structures alambiquées), de la pop sophistiquée d’un Elton John ou du cabaret d’un Tom Waits. On peut également lui trouver un contemporain, Français de surcroît, Boyarin, avec qui il partage les mêmes qualités, les mêmes défauts : une grande ambition (pop pour l’un, folk pour l’autre) et une tendance à vouloir trop remplir ses chansons d’idées (auquel s’ajoute la réverb sur la voix, pouvant fatiguer à la longue). Pour autant, malgré ces défauts mineurs, le talent dont fait preuve Joel Henry Little sur Great Kills Friendship Club est immense (notamment sur Isha, tout en ruptures de ton, explorant diverses ambiances ou encore le très beau By The Bye) et devrait lui donner la visibilité qui lui manquait pour être enfin repéré de tous les radars pop folkeux du monde et ce malgré la sortie en numérique de trois albums avant celui-ci.
En un mot comme en cent : Joel Henry Petit deviendra grand, assurément.
Cd disponible via Microcultures le 13 octobre prochain
Jism
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Tricky – Ununiform
Treizième œuvre dans le viseur pour un disque qui nous est présenté comme orageux mais apaisé. Il y a en effet des percutions synthétiques qui cohabitent avec quelques exécutions bien plus langoureuses. On connait suffisamment Adrian Thaws pour savoir que ce brouilleur de piste aime jongler avec la matière. Du hip-hop aux accents moscovites en passant par un featuring discret mais tendrement asthmatique avec l’égale indomptable Asia Argento, sans oublier les uppercuts toujours aussi efficaces bien qu’un peu télécommandés. Un beau programme vous allez me dire.
La question est tout de même de savoir si Ununiform est vraiment un bon cru ?
Au passif de ce nouvel album de Tricky, je me permets de lister une production un poil fainéante, une reprise du groupe Hole manquant cruellement (pour une fois) de personnification mais surtout le sentiment d’avoir été floué par une promesse avortée. The Only Way dont l’orchestration stylisée annonçait une résurgence de classe dans l’architecture des titres n’est qu’un coup de maître venu pour appâter le collectionneur qui ne trouvera pas forcément ici cette version du titre, galvanisé par un ensemble de cordes. Single inclus à l’album sur les plateformes de streaming mais étrangement omis du format CD. La piste 8 est en réalité le Stripped Down Tricky Mix que nous retrouvons en mode doublon sur une stupéfiante redite en bonus (plage 14). Je vous laisse deviner notre lascar ultra furax après ce couac dans la fabrication du support physique.
Reste qu’Ununiform nous offre le retour inespéré de l’ex muse Martina Topley-Bird pour un réel moment de grâce sombre. When We Die nous réexpédie aux belles années, période où l’alchimie coulait de source. Rien que pour ça, il est impossible de ne pas absoudre les quelques écorchures rencontrées par ailleurs.
Disponible depuis le 22 Septembre (False Idols/ !K7 rec)
Ivlo Dark
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49 Swimming Pools – How The Wild Calls To Me
Le quatrième album de la formation pop française imbibée de parfums US est, en réalité, la composante d’un vaste projet artistique autour de la disparition d’Everett Ruess, jeune homme ayant disparu en novembre 1934 après avoir donné des derniers signes de vie dans le désert aride de l’Utah.
Il s’agit d’une évocation scrupuleuse et en trois phases d’un même récit : une création scénique mêlant théâtre et musique, un film documentaire qui devrait nous être dévoilé début d’année prochaine et enfin, le disque qui nous préoccupe.
Fabien Tessier, Etienne Dutin, Samuel Léger et Emmanuel Tellier marquent leur retour en grande pompe avec cet ambitieux triptyque dont la bande son a été programmée pour rejoindre nos chaumières dès le 20 Octobre prochain (ELAP / Differ-Ant)
Un album How The Wild Calls To Me de très belle facture qui ravira les adeptes d’orchestrations soignées. Le quatuor nous balance entre un folk subtilement baroque et une narration qui nous invite à prendre le large, histoire de rejoindre les grands espaces si chers au protagoniste de cette fabuleuse, bien que tragique, aventure humaine. Celui qui renonça aux commodités du monde moderne pour se perdre dans l’immensité à la fois éclatante et sombre de Mère Nature.
Le grattement chaleureux des cordes, les amples accords de claviers, le souffle incitatif des cuivres sont autant d’ingrédients qui viennent illustrer auditivement les contours de ce destin pour le moins intriguant. A l’image d’une conception graphique d’un esthétisme toujours impeccable par le compère Pascal Blua, les ondes soyeuses de 49 Swimming Pools nous transportent au cœur d’une remembrance posthume de très haute envolée. Difficile alors de songer au périple du retour.
Remerciements: Ugo Tanguy
Ivlo Dark
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